IVRAF FO 168: Les îles aux coquillages
Sommaire
- 1 Références du dossier documentaire
- 2 Désignation
- 3 Localisation
- 4 Historique et description :
- 5 Culture(s) orale(s) en lien avec l’élément patrimonial
- 5.1 Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s) :
- 5.2 Anecdote(s), discours, impression(s) sur l’élément patrimonial :
- 5.3 Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s) de l’élément patrimonial :
- 5.4 Statut et signification actuelle de l’élément patrimonial :
- 5.5 Informations complémentaires sur l’élément patrimonial :
- 6 Sources
- 7 Illustrations
Références du dossier documentaire
N° de dossier
IVRAF_FO_168
Date d’enquête
08/01/2014
Nom et prénom de l’enquêteur
MBENGUE Bodiel
Désignation
Dénomination(s) actuelle(s)
Amas coquilliers, amas de coquilles, colline de coquillages ou køkkenmødding
Appellations successives
Diorom Boumack (Joron bu mak : grand Diorom), Diorom Bundaw (Joron bu ndao : petit Diorom), île aux coquillages
Type de patrimoine
Patrimoine matériel
Thématique :
Localisation
Commune
Département : Foundiougne
Communauté rurale : Toubacouta
Lieux-dits
Village : Soukouta
Adresse
Références cadastrales (le cas échéant)
Section :........N° parcelle(s) :........
Géolocalisation
Latitude : …………………………………………….
Longitude : …………...…………………………….
Historique et description :
Acteur(s) :
Ancêtres sérères
Date/période de réalisation :
Entre le VIIe et le XIIIe Siècles av. J.C.
Historique :
Il s’agit de deux petites îles inhabitées à une quinzaine de minutes en pirogue de Toubacouta. De loin, un panorama de baobabs signale la présence des amas coquilliers. La première île que l’on atteint est Diorom Boundaw, mais interdiction est faite de s’y accoster à cause d’une colonie de panthères qui y vit. Ensuite, c’est le beau paysage de Diorom Boumack qui s’offre à nous.
L’île doit son nom à la couche de coquilles d’huitres et autres coques qui jonchent son sol. C’est une île artificielle d’une dizaine d’hectares édifiée entre le VIII et le XIII siècle de notre ère. En effet, soucieux de ne pas encombrer les terres arables et les bancs de sable qui les nourrissent ou supportent leurs habitations, les populations protohistoriques du delta du Saloum ont eu l’ingéniosité d’établir des lieux de décharges au milieu de la lagune, pour se débarrasser des coquilles d’arches, d’huitres et autres rebus….C’est ainsi que sont bâties, au fil des siècles, ces îles artificielles.
Certains de ces amas coquilliers furent transformés en nécropoles ; ce qui valut au site d’importantes fouilles archéologiques. Les premières fouilles archéologiques à Diorom-Boundaw et Diorom Boumack ont été́ effectuées en 1939 par M. Yvetot, T. Monod, et j. de Saint-Seine. H. Bessac, R. Mauny, J. Figuié fouillent en 1951-1956 puis G. Thilmans et C. Descamps mènent des recherches complémentaires sur les mêmes sites en 1971-73. L’amas de Diorom Boumack a révélé des armes en fer, une perle cylindrique en or, plusieurs bracelets en fer et en cuivre, et une céramique facilement identifiable, des poteries et des squelettes datant de plusieurs siècles. Cet amas coquillier recèle de très anciens tumuli funéraires et aurait servi de tombeaux à près de 7000 corps entre le 7ème et le 13ème siècle. Aujourd’hui, l’île n’est plus que peuplée par de majestueux baobabs, parmi lesquels on trouve le « baobab sacré », au tronc imposant à l’intérieur duquel se déroulaient prières, sacrifices et autres cérémonies.
Ce baobab-sacré est appelé « guy gewël » en wolof, ce qui veut dire « baobab des griots ». C’est un baobab-sépulture. En effet, le baobab-sépulture est une pratique funéraire qui n’est, dans l’état actuel des connaissances, signalé que dans le centre ouest du Sénégal, chez les Sereer et on en retrouve un premier descriptif en 1594. Cette pratique abandonnée au siècle dernier, consistait à enterrer les griots dans le creux de certains baobabs qui devenaient de véritables caveaux. En effet, selon les croyances sérères, si les griots venaient à être enterrés en pleine terre, le sol serait rendu stérile pour toujours. Lors du cérémonial funéraire, le griot revêtu de ses plus beaux vêtements, était porté jusqu'au baobab creux. Le baobab-sépulture de Diorom Boumack a été complètement pillé.
Description :
Diorom Boumak, encore appelée, L’île aux coquillages est un tumulus funéraire sérère, une petite île longue de 400m du nord au sud et haute de 12 m d’environs à partir du niveau de la surface de l’eau. L’ile aux coquillages est située à la croisée des bolongs Diombos et Toubacouta. A son ouest, se trouve Diorom Bundaw.
Quant à Diorom Bundaw, elle mesure 60m de diamètre pour 4m de hauteur, ce qui lui vaut son patronyme ; elle abriterait une douzaine de tumuli. Habitées dans des temps anciens, les deux îles de Diorom Boumak et Diorom Bundaw sont, aujourd’hui, vides de toute âme. Elles ne sont que des terres jonchées de coquillages à la flore garnie. En effet, le paysage des deux amas est marqué par la présence de baobabs à prédominante de coquilles d’arches, avec, comme pour Diorom Boumack particulièrement, des lentilles de grosses huîtres visibles dans la coupe orientale.
Les coquillages marins qui constituent ces amas sont essentiellement des arca sensilis (arches), des ostrea edulis (huitres plates), des gryphea gafsar et des donax rugosus, espèces bien connues des populations riveraines qui les consomment encore aujourd’hui. A coté des accumulations artificielles, il ya des accumulations naturelles de coquillages qui sont plutôt associées aux fluctuations du niveau de l’eau et à des phénomènes bioclimatiques.
Quant à la flore, elle offre plus de diversité que les coques. On y dénote quasiment toutes les espèces traditionnelles locales : une prédominance du baobab, l’Acacia ataxacantha, le Feretia apodanthera ou alome, le diospiros mespiliformis ou encore le ficus capensis ou soto. Et la liste n’est pas exhaustive.
Pour ce qui est des tumuli, la configuration de la répartition des sépultures est remarquable. Elles sont plus ou moins équidistantes. Cependant, à Diorom Boumack, les tumuli sont d’une hauteur différente. Certains sont plus hauts que d’autres. Ceci s’explique par le fait que plusieurs corps pouvaient être superposés dans une même tombe avec le patrimoine du défunt dans le tombeau. On voit les traces de l’érosion qui menace les amas.
Croquis (le cas échéant) :
De l’élément patrimonial et/ou de sa position dans son environnement.
État sanitaire
Très bon, Bon, Passable, Mauvais: Passable
Valeur patrimoniale : ………………..…………………………………………………………………………………
Lieux associés (autour de la même thématique) :
Burkina Faso, Sindian, Réserve de Bandia : localités où l’on nota la pratique des baobabs-sépultures France, USA, Allemagne etc. :lieux d’origine des touristes fréquentant l'île..
Culture(s) orale(s) en lien avec l’élément patrimonial
Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s) :
Les griots ne sont pas enterrés parce qu’il y a derrière l’idée que s’ils l’étaient, la terre deviendrait stérile et les malheurs allaient s’abattre sur la communauté. Soulèye Faye
Anecdote(s), discours, impression(s) sur l’élément patrimonial :
«Au temps, ce n’est pas n’importe qui, qui faisait entrer le défunt dans le trou du baobab. Il fallait être un mystique, armé de pouvoir surnaturel pour le faire, celui qui doit déposer le corps dans le baobab devait arrêter de respirer pendant tout le temps qu’il se trouve à l’intérieur du baobab cimetière. Sinon un grand malheur aller s’abattre sur lui ». Adama Diouf
La conversion à la religion musulmane et les démarches auprès des chefs religieux comme Ababacar Sy ont été déterminantes dans la cessation de cette pratique, l’on nous signale aussi que les indépendances ont eu un effet considérable dans l’abandon de cette forme d’inhumation. Senghor a interdit cette pratique. Soulèye Faye
Lors du cérémonial funéraire, le griot revêtu de ses plus beaux vêtements, était porté jusqu'au baobab creux. A l'arrivée devant le baobab, les jeunes gens se précipitaient pour entrer les premiers, en se livrant à une lutte armée acharnée. Le combat ne cessait que lorsqu'un deuxième combattant a vaincu le premier : tous deux faisaient alors entrer le griot dans l'arbre sous les applaudissements et les chants d'éloges des femmes. Les deux vainqueurs étaient considérés comme des héros par les jeunes filles, tandis que les autres jeunes hommes, vaincus au cours de cette lutte, avaient perdu leur honneur et avili leur famille : ils trouveront difficilement à se marier. Soulèye Faye
Aujourd’hui, il arrive que des touristes viennent camper sur l’ile aux coquillages. Certains viendraient y sceller leurs fiançailles. Mamadou Dieng
Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s) de l’élément patrimonial :
Fonctions initiales : décharges de coques, habitation, cimetière
Utilisations actuelles : fouilles archéologiques, camping
Statut et signification actuelle de l’élément patrimonial :
Statut : propriété publique, monument historique, patrimoine mondiale de l’humanité par l’Unesco depuis le 11 juillet 2011, Classement Réserve de Biosphère et de Man and Human Biosphere (MAB).
Signification actuelle : lieu de mémoire, patrimoine touristique
Informations complémentaires sur l’élément patrimonial :
Au Burkina Faso, dans la région de Daerekoro, on retrouve ce même mode de sépulture, exclusivement réservé aux lépreux et pratiqué par tous les Dogon de la plaine. Toutefois, ce sont les baobabs ayant une seule ouverture vers le haut qui étaient privilégiés ; les corps étaient alors descendus verticalement dans le creux. Ce mode de sépulture était provoqué par la crainte de cette maladie et le fait que si le cadavre était mis en pleine terre, la pluviométrie deviendrait insuffisante et que le sol, les céréales cultivées, les puits seraient souillés.
Sources
Bibliographie
Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de conservation, n° éventuel, année, pages ... à …
Dans le cas d’un témoignage oral : NOM, Prénom et fonction de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré.
Tradition orale
Dieng Mamadou, guide touristique, Toubacouta
Ndiaye Adama, Chercheur, Toubacouta
Sources écrites
DAPPER Olfert, « Description de l’Afrique », Archives de l’IFAN, Ed.1686, Dakar
Delta du Saloum, Proposition d’inscription sur la liste du patrimoine mondiale, Résumé analytique, Janvier 2010.
Revue Tourisme durable, Les grands projets du gouvernement, Avril 2013, page 24.
Daha Chérif Ba, Rythmes d'eaux et de savanes ou les facettes culturelles des Peulhs de la Sénégambie (1512-1980), Editions L'Harmattan, 1 oct. 2013 - 334 pages
BAOBAB CIMETIÈRE DE SINDIA «Gouye Guéwel», témoin d’une tradition d’inhumation des griots sérères, journal le Quotidien du 12 Aout 2013.
N'Diaye Corréard, Geneviève (dir.), 2006. Les mots du patrimoine ; le Sénégal. Paris, Editions des Archives Contemporaines. 602 p. 45 € (français local)
Sébire, Albert, 1899. Les Plantes utiles du Sénégal, plantes indigènes, plantes exotiques. Paris, J.-B. Baillière et fils. LXX-342 p., fig. et pl. en ligne sur Gallica.
Diaw, A.A., 1981. Un vocabulaire wolof de la flore au Sénégal. Dakar, CLAD
Sitographie
http://whc.unesco.org/uploads/nominations/1359.pdf
http://oceaniumdakar.org/Le-Delta-du-Saloum-patrimoine.html?lang=
Illustrations
Photographies actuelles
Sous plusieurs angles, si justifié
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Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)
Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles