IVRAF FO 165: Le dragon de Néma-bah

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==Références du dossier documentaire

N° de dossier

IVRAF_FO_165

Date d’enquête

06/01/2014 07/01/2014

Nom et prénom de l’enquêteur

MBENGUE BODIEL

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Animal

Appellations successives

Dragon

Type de patrimoine

Patrimoine immatériel

Thématique :

Localisation

Commune

Département : Foundiougne

Communauté rurale : Toubacouta

Village : Néma-baa

Adresse

Section :.........N° parcelle(s) :.......

Géolocalisation

Latitude :

Longitude :

Historique et description :

Acteur(s) :

Emile-Etienne MESTRE, Faaback MANE

Date/période de réalisation :

Avant 1960, époque coloniale.

Historique :

L’histoire est assez saisissante. C’est un français du nom d’Emile-Etienne Mestre, un gendarme à la retraite venu passer des jours paisibles au Sénégal qui est au cœur de l’intrigue. Mestre avait pour principal hobby la chasse. Lors de ses excursions, il avait l’habitude de ramasser les œufs qu’ils trouvaient dans la forêt avec deux de ses employés, Lamine Diop, un ancien ami de Kaolack et un certain Faaback Mané, ancien combattant. Ensemble, ils entreposaient leur butin dans un magasin au domicile de Mestre. A l’éclosion, ce sont des lézards et des serpents qui sortaient des œufs. On raconte que ce sont des œufs de serpents ninkinanka (dragon).

Il s’agissait de deux dragons : un male et une femelle. La femelle étant la plus dangereuse, Mestre entreprit de l’éliminer. C’est accompagné de son employé qu’il est allé affronter le monstre. Lorsqu’il a tiré sur la femelle, le male était si furieux qu’il en crachait des flammes. De peur de subir la vengeance de l’animal, Mestre a du se coucher sur l’herbe pour se cacher de l’animal. Une fois que l’animal est parti dans un nuage de poussière tel un tourbillon, Mestre est allé prévenir les villageois de ne pas fréquenter l’endroit pendant au moins une semaine le temps de l’agonie pour être sur que l’animal était bien mort. Le vendredi, c'est-à-dire, une semaine après, Mestre est revenu sur les lieux, l’animal avait commencé à décomposer. C’est alors qu’il lui coupa la tête et la conserva. Quelques années plus tard, le gouverneur de Kaolack est venu chercher le crane de la bête. Il a du l’attacher avec du fil de fer et l’emballa dans un sac de farine vide.

Peu de temps après les faits, le villageois avec qui Mestre était parti à la rencontre de l’animal est tombé malade. Il a perdu la tête, dit-on, à cause de l’animal. Mestre, lui aussi, est tombé malade plus. Il est resté paralysé jusqu’à la fin de sa vie. L’arme avec lequel l’animal a été tué est un fusil fabriqué à Saint-Etienne. Mestre l’a revendu de peur qu’elle ne lui porte malheur.

Il existe une seconde version de l’histoire d’après laquelle, Bakary Senghor, (dont le petit fils né en 1919 vit toujours au village) aurait vu en premier le serpent ninki nanka ; il l’aurait raconté à Mestre qui lui a demandé de lui montrer l’endroit. Il a refusé parce que c’était dangereux lui dit-il. C’est ainsi que Mestre aurait découvert un œuf géant qu’il ne pouvait porter tout seul et c’est à deux qu’ils ont du transporter l’œuf jusqu’à chez lui et l’y garda soigneusement. Un soir, une grande déflagration alerta tout le monde ; c’est l’œuf qui venait d’éclore faisant ressortir une centaine de serpents. A partir de ce jour, tous les soirs, une explosion se faisait entendre : en effet, ce sont les serpents qui se dévoraient entre eux jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un seul, qui serait devenu le géant dragon que Mestre a tué avec son acolyte. Le fait d’avoir éliminé l’animal les aurait rendu malades parce que le dragon serait un totem au Sénégal (et donc on ne doit pas y toucher) contrairement au Mali où il peut agrémenter les repas de fêtes sans répercussions sur son bourreau.

Description :

L’animal avec un crane semblable à celui d’un cheval. Il était long d’une trentaine de mètres d’après la description qui en est faite. Certains racontent qu’il avait une longue crête, de couleur grise et avait la forme d’un serpent avec des pattes.

Le pont séparant les deux rives est cassé en deux. Plusieurs fissures y sont apparentes. La plus grande marquerait le premier impact du dragon. L’animal quittaient les eaux douces pour rejoindre les eaux salées (le bolong), ne pouvant passer en dessous du pont, il le brisa. Le pont était fait uniquement de pierres et de coquillages cimentés, aucun fer ne le retenait. Complètement en ruines, Le pont est coupé en deux rendant Missirah inaccessible par ce chemin. La première moitié pourrait servir de passerelle mais ne permet pas de rejoindre l'autre rive. De l'autre moitié, il ne reste que des débris. Le pont porte bien son nom. En effet, Fanguid qualifierait ce qui est vieux en langue sérère.

Croquis (le cas échéant) :

De l’élément patrimonial et/ou de sa position dans son environnement.

État sanitaire

Très bon, Bon, Passable, Mauvais

Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique) :

Touba-Bariah et Koular : villages où le dragon aurait été aperçu à l’époque. Il y aurait également à Koular, des baobabs où les blancs accrochèrent des miroirs pour capter l’animal ou pour l’attirer. (Éclaircissements à demander à Dieng)

Culture(s) orale(s) en lien avec l’élément patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s) :

A chaque fois que Mestre allumait la lumière dans le magasin où il entreposait les œufs qu’il récoltait lors de ses expéditions, la lumière s’éteignait aussitôt et, au même moment, on voyait une lueur des plus éclatantes à l’endroit où il les aurait trouvés. Et chaque jour, la lueur devenait de plus en plus lumineuse.

Une nuit qu’il pleuvait des torrents, le dragon aurait tenté de traverser le pont Fanguid (petit pont qui reliait Néma-bah à Missirah, village voisin) pour rejoindre le bolong. Comme, il n’arrivait pas à passer à cause de sa taille, la bête fracassa le pont dans un vacarme des plus sonores, faisant trembler tout le village. Aucun villageois n’a osé pointer son nez dehors. Le pont, le premier de la zone, aurait été construit aux travaux forcés au 19e siècle. Il fallait toujours être accompagné pour le traverser de peur de croiser l’esprit du Dragon ou d’être victime du dragon lui-même. Le pont est fait uniquement de pierres et de coquillages cimentés, aucun fer ne le retenait. On raconte que le dragon habite toujours la mangrove, la partie sud-ouest du bolong que personne ne fréquente. On raconte aussi qu’en ces temps-là, chaque vendredi on entendait le dragon crier et qu’il se trouverait encore dans la forêt de Kawsara.

Anecdote(s), discours, impression(s) sur l’élément patrimonial :

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s) de l’élément patrimonial :

Fonction initiale : Néant

Utilisation actuelle : produit touristique

Statut et signification actuelle de l’élément patrimonial :

Statut : propriété publique

Signification actuelle : histoire que les anciens racontent aux plus jeunes

Informations complémentaires sur l’élément patrimonial :

Mestre est mort à l’âge de 92 ans, et ce, depuis 27 ans. Gendarme retraité, il est venu s’installer au Sénégal. Il a d’abord habité Kaolack, au quartier Bongré avant de venir s’installer à Toubacouta et plus précisément à Néma-bah où il a acheté un terrain de 1km/1km, à l’endroit où il a tué le dragon. L’endroit a été racheté par un pharmacien blanc nommé Cadel.

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de conservation, n° éventuel, année, pages ... à …

Dans le cas d’un témoignage oral : NOM, Prénom et fonction de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré.

Tradition orale

Astou Mesté, ménagère, Toubacouta

Ndiaye Adama, Chercheur & Président du Cadre de Concertation du Tourisme, Toubacouta

Senghor Lamine, Eco-guide du Delta du Saloum, Toubacouta

Sources écrites

Revue Tourisme durable, Les grands projets du gouvernement, Avril 2013, page 24.

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis