IVRAF FO 150: Rites de fécondité et folklore chez les Kagnaleng à Toubacouta
Sommaire
Références du dossier documentaire
Numéro du dossier
IVRAF_FO_0150
Date d'enquête
20/11/2013
22/11/2013
Nom et prénom de l'enquêteur
WADE Mame Coumba
Désignation
Dénomination(s) actuelle(s)
Rites de fécondité et folklore
Appellations successives
Dimbaaya (aime la progéniture), Kagnaleng (femme en mal d’enfant)
Type de patrimoine
immatériel
Thématique
Localisation
Département
Foundiougne
Communauté Rurale
Toubacouta
village
Toubacouta
Adresse
Références cadastrales (le cas échéant)
Section :.......... N° parcelle(s) :..........
Géolocalisation
Latitude:13°46’58 Nord
Longitude:16°28’26 Ouest
Historique et description
Acteur(s)
Femmes en mal d’enfant
Date/période de réalisation
Indéterminée
Historique
Retrouvés dans plusieurs localités du pays et de la sous région, les Kagnaleng sont des groupes de femmes en mal de fécondité ou en butte à la mortalité infantile et qui pratiquent des rites aux vertus thérapeutiques, didactiques et folkloriques.
Jadis, le groupe réunissait uniquement les femmes en mal d’enfant ou qui les perdaient après leur naissance d’où le nom Kagnaleng (qui na pas d’enfants).
Au regard de la société, les Kagnaleng, auraient transigé leur fécondité contre des connaissances mystiques. C’est l’acceptation du sacrifice de guérir en contrepartie de la stérilité. Ces pouvoirs surnaturels permettaient à ces femmes de concilier à la fois folklore et vertus thérapeutiques afin de guérir toutes jeunes femmes ne pouvant pas avoir d’enfant. Une fois leurs vœux exaucés, les Kagnaleng donnent un nom à l’enfant et le protègent jusqu’à ce qu’il grandisse.
A coté de la thérapie, ces femmes veulent montrer qu’elles font également partie intégrante de la société. Aussi, assuraient-elles un volet didactique. Elles accompagnaient les filles excisées et les filles pré-pubères qu’elles éduquaient à devenir des femmes et de futures mères de famille. En outre, elles associaient folklore et prières quand le besoin se faisait sentir au village (exemple : « Baw Naan ou rites de pluie »).
Par ailleurs, contrairement à la composition d’origine du groupe, les Kagnaleng d’aujourd’hui regroupe à la fois des hommes et des femmes avec ou sans enfants. En effet, on est Kagnaleng suite à une demande d’admission ou lorsqu’on nait d’une Kagnaleng. On peut également intégrer le groupe après avoir bénéficié d’une thérapie.
Par ailleurs, les hommes du groupe sont nés d’une Kagnalaeng ou suite à une bénédiction des ces dernières. Ces hommes portent juste le nom Kagnaleng mais ne participent ni aux rites de fécondité ni au folklore livrés par les femmes.
Actuellement, du fait de la multiplication des structures sanitaires, les Kagnaleng se penchent de plus en plus vers le volet folklorique.
En effet, sous la direction de la vielle Bineta Mané, toutes les femmes Kagnaleng disposent de cartes de droits d’auteurs et sont très sollicitées pour l’animation au sein des campements et hôtels mais également lors des grandes manifestations au niveau du village.
Description
Dans le village de Toubacouta, les Kagnaleng sont un groupe composé d’une trentaine de membres dont l’âge varie de 29 à 73 ans. Elles sont très connues dans les environs du fait de leurs fonctions thérapeutiques et folkloriques.
Pour la fonction thérapeutique, le groupe a pour vocation de vaincre la stérilité des jeunes femmes, de protéger le fœtus, de sauver la vie de l’enfant et de la mère qui perd sa progéniture. Ainsi, pour bénéficier de leurs rites de fécondité, la femme doit exposer aux plus âgés, son souhait d’intégrer le groupe. Une fois la demande acceptée, elle devra leur offrir la valeur en argent du cola à se partager entre « Kagnaleng ».
Après son adhésion, toutes les Kagnaleng implorent Dieu par des prières et des connaissances mystiques afin d’aider la femme à procréer. Des offrandes de galettes de riz sont également distribuées pour la circonstance.
Une fois leurs prières exaucées les Kagnaleng protègent le fœtus jusqu’à sa naissance. Ainsi, le jour du baptême, les femmes Kagnaleng font leur cuisine à part et le père du nouveau né devra leur fournir du riz, de la viande et tous les ingrédients nécessaires. Elles mangent entre Kagnaleng et personne d’autre n’a le droit de gouter à leur plat sous peine d’une amende. Dès fois les Kagnaleng se régalent à partir d’un mélange de plats apportés par chacune d’entre d’elle. Ce mélange produit un plat typiquement Kagnaleng.
Apres le repas, elles nettoient leurs mains sur les habits du nouveau né/nourrisson, de la mère, et du père.
Au bout d’un moment, elles se déguisent traditionnellement et commencent à prier en chantant et en dansant. Tout comme le père, les Kagnaleng donne un nom à l’enfant et le plus souvent c’est leur nom qui est retenu par toute la population. C’est le plus souvent des noms comme Allah mouta, karafa (prêté, confié), Mougna, Animbotto (sac de riz vide), Sountoukou (dépotoir d’ordures), Komassi (sans humour) , Sabatti…
Les Kagnaleng ne demandent pas de rémunération en pareille occasion, il revient à la famille de voir ce qu’elle peut offrir au groupe. Cette somme tourne le plus souvent entre 10.000 et 15.000 selon les possibilités du bénéficiaire.
Par ailleurs, Dans le cadre folklorique, les Kagnaleng invitent d’autres troupes des villages environnants à l’occasion de grandes manifestations dans le village. Ainsi, pendant trois (3) jours, les différents groupes se réunissent et répètent ensemble. Le jour de la fête, elles font leurs prières avant de se diriger vers les lieux sous le rythme des tam- tam, de chants et de danses.
En outre, les Kagnaleng font également des prestations de deux heures dans plusieurs campements et hôtels de Toubacouta en raison de 20000 francs CFA.
Toutefois, la gestion financière est assurée par les jeunes instruits du groupe. Ainsi, les fonds sont dépensés quand un besoin social se fait sentir ; au cas contraire, l’argent est partagé entre les différents membres du groupe à chaque début d’hivernage.
Croquis (le cas échéant)
De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement
État sanitaire
Très bon, bon, passable, mauvais. Valeur patrimoniale :
Lieux associés (autour de la même thématique)
Bani, Missirah, Betenti, Soukouta, Dassilamé, Djinakh
Les Kagnaleng de ces différents villages sont invités lors des grandes manifestations à Toubacouta
Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial
Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)
Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial
Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial
Utilisation de l’espace, gestes associés
Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial
Propriété publique, propriété privée, classé monument historique, à classer, représentation (lieu de mémoire ou non)
Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial
Sources
Bibliographie
Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de conservation, n° éventuel, année, pages ... à … Dans le cas d’un témoignage oral : NOM et Prénom de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré
Tradition orale
Indiquer le vecteur de transmission (griot, historien…)
Sources écrites
Archives, édition de textes
Illustrations
Photographies actuelles
Sous plusieurs angles, si justifié
- Nom de l'image.JPG
Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)
Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles