IVRAF FO 0191 : Le village de Missirah

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Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FO_0191

Date d'enquête

04/06/2014

Nom et prénom de l'enquêteur

WADE Mame Coumba

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Village

Appellations successives

Soukoudo, Missirah

Type de patrimoine

Patrimoine matériel

Thématique

Localisation

Département

Foundiougne

Commune

Sokone

Village

Missirah

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude : 13°40’49

Longitude : 16°30’04

Historique et description

Acteur(s)

Fodé Senghor

Date/période de réalisation

Vers 1856

Historique

Originaire du Mali (précisément à Mandeng kaba), le fondateur du village de Missirah, Fodé Senghor, résidait à Goufoura avec ses parents. Ainsi, suite à une plaie dite inguérissable et qui tardait de plus en plus à se cicatriser, Diomaye Senghor, de son vrai nom, dut partir jusqu’en Gambie pour se soigner chez un marabout musulman. Ce dernier, en plus de le guerrir, l’enseigna le coran et parvint à le convertir en islam en lui donnant le nom de Fodé (un homme pas comme les autres). A la fin de ses études coraniques dans cette contrée Mandeng du Niomi, le marabout lui proposa de suivre le littoral et fonder un nouveau village dans la forêt où il trouverait un baobab avec des racines submergées dans l’eau et l’autre partie en terre ferme.

Rentré à Goufoura, il entama les recherches de cette terre suivant les indications de son maitre. Ainsi, il fit une retraite spirituelle et découvrit le site actuel de Missirah qu’il suggéra à son grand frère Mamadou Lamine Senghor.

Fodé, de plus en plus déterminé, navigua jusqu’à l’Ile de Djinack pour obtenir l’aval de l’autorité en charge de cette terre où il voulait s’installer. Arrivé dans le village, le chef n’y trouva aucun inconvénient à sa demande mais il mit à sa connaissance que lui en tant que pêcheur, n’a jamais accédé à cette rive. Néanmoins, Fodé Senghor poursuivit son chemin jusqu’au lieu indiqué qu’il reconnut grâce au baobab à racines submergées.

Ainsi, il demanda à son disciple d’aller lui chercher de l’eau sous un arbre qu’il désigna. Mais à trois reprises, le disciple rentrait les mains vides affirmant qu’il n’a rien trouvé sous l’arbre. Surpris par ces affirmations, Fodé Senghor le conduisit jusqu’au site en lui disant que « c’est ici que je t’avais dit », et aussitôt de l’eau pure commença à jaillir. L’arbre est appelé Mbaro colon ou puits sous l’arbre dit wolo (Terminalia glaucescens).

Après cette découverte, il rentra à Goufoura et ramena toute sa famille vers 1856. Ils s’installèrent en aval de la plage appelé Soukoudo (grande maison) durant sept ans. Mais chaque année il y avait des incendies et Fodé senghor reçut comme indications qu’il devrait se déplacer vers le nord-est de leur emplacement actuel car il n’était pas encore arrivé au bon endroit. Ainsi ils se déplacèrent en amont et Fodé nomma le village Missirah. Il créa un Dahra où il enseignait le coran en langue sosse et devint l’imam de la mosquée qu’il avait construite en banco et en bois. Le fauteuil de chef de village est laissé à son grand frère Mamadou Lamine Senghor.

Toutefois le peuplement de Missirah, s’est fait progressivement. en effet, une fois dans leur nouvel emplacement, Fodé Senghor aurait invité tous les habitants des îles à quitter les lieux quand il est encore temps car ils risqueraient de le faire suite à des événements douloureux. Certains le rejoignirent aussitôt à Missirah et les autres attendirent que les îles soient en proie aux guerres religieuses et aux représailles des navires français pour rejoindre le Niombato particulièrement Missirah. Cependant, cette deuxième vague attendit vers la fin du XIXème siècle lorsqu’éclatèrent les guerres religieuses consécutives au mouvement d’islamisation entamé par le marabout du Rip Maba Diakhou dans les iles du Saloum. La dernière vague de peuplement fut précipitée par les bombardements du bateau le crocodile dans le domaine insulaire et beaucoup d’entre eux quittèrent les îles pour venir s’installer à Missirah et environs.

Quelques années plus tard, un fort taux de croissance de la population affecta le village de Missirah et certains furent obligés de partir à la recherche de terres arables. Cette recherche de terres entraina la fondation de plusieurs autres villages vers l’Est. Missirah fut donc le point de départ de la fondation des localités comme Karang, Saroudia, Mamouda, Sirmang, Karantaba, Dassilamé soose, Taiba…

Description

Situé à l’extrême sud de la région de Fatick, Missirah serait le premier village du Niombato fondé en 1856. Ce village, très connu par son fromager géant, est limité au nord par Néma Baa, au sud par Djinack et Bakadadji, à l’Est par Taïba et à l’ouest par Betenti. A seulement 12 km de son chef-lieu de communauté rurale (Toubacouta), il est partie intégrante du Parc National du Delta du Saloum (PNDD) et de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS).

Sur le plan climatique, Missirah appartient au domaine soudanien dominé par des écosystèmes fluviaux riches et variés. La mangrove constitue la végétation dominante même si d’autres espèces locales (Badamier glauque, fromager, baobab…) et des arbres fruitiers (manguiers, anacardier…) sont retrouvés au niveau de la zone. Quant à la faune, les espèces dominantes sont les singes, les phacochères, les reptiles …

Le relief est relativement plat hormis la présence de petites dénivellations d’amas coquilliers.

Cependant, le milieu est de plus en plus exposé aux phénomènes de dégradation de son environnement et de réduction de sa biodiversité.

Sur le plan démographique, Missirah occupe actuellement la première place dans le Niombato avec une population d’environ 3000 habitants. Ces habitants, réparties au sein de cinq quartiers: Diatta Kounda, djifandor, Mbarra kounda, Ndoffane, Ngadior, sont en majorité des Sosse et des Seereer. On y retrouve une faible présence de divers groupes ethniques (peuls de la guinée, wolofs…).

Sur le plan architectural, Missirah est en majorité dominé par des constructions en dur et en paille par endroit. Toutefois, on dénombre dans le village vingt huit (28) titres fonciers lotis en 1911 et extensionnés en 1928. A côté de ces derniers l’on retrouve des dizaines de maisons traditionnelles. L’éducation et la formation occupent une place prépondérante dans le village. En effet, l’influence de la religion musulmane (100% musulman autochtone, une faible minorité d’étranger chrétiens) a motivé l’établissement de deux écoles coraniques (Daras); un grand de près de 300 élèves et un petit. L’enseignement français quant à lui dispose deux (2) écoles primaires et un (1) collège d’enseignement moyen (CEM).

Missirah dispose aussi d’importantes infrastructures mises en place par l’Etat et les partenaires au développement. Il abrite le centre et le quai de pêche de la communauté rurale de Toubacouta, d’où provient une grande partie des produits halieutiques vendus dans la zone. De plus on y retrouve un dispensaire et une case de santé non fonctionnelle, un réseau d’eau courante, un réseau électrique, une (1) grande mosquée reconstruite en 1985 et trois (3) Diakas (petites mosquées).

Sur le plan économique, une activité incessante se développe autour des différents secteurs phares que sont la pêche, l’agriculture, le maraichage, la transformation de produits halieutiques, le commerce, le transport, le tourisme…

Toutefois ces activités et autres actions de développement sont soutenues par plusieurs partenaires (locaux et internationaux…). Orange sénégal, agence micro projet, PIZZA (transformation, dons de pirogues, construction d’une case pour l’amélioration des conditions de transformation…), WAME (reboisement de la mangrove)…

La population de Missirah semble être très bien organisée autour 15 groupements de femmes, une association sportive et culturelle dénommée Mbarro Colon, une association sportive et environnementale appelée Tessito. On y retrouve aussi une association des écologistes très dynamique dénommée Fannabara (on récolte ce que l’on sème). Cette association avec un conseil d’administration de cinq (5) membres et comme président Ibrahima Sarr, mène des actions de sensibilisation, de restauration des écosystèmes dégradés et de préservation du patrimoine culturel.

Croquis (le cas échéant)

De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement

État sanitaire

Bon

Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique)

Mandeng kaba (au Mali) : Les grands parents de Fodé Senghor, le fondateur du village, serait originaire de cette contrée.

Goufoura : village des îles du Saloum d’où est originaire le fondateur du village.

Gambie : Pays où le fondateur du village a appris le coran.

Djinack : L’actuel village de Missirah relevait de l’autorité du village de Djinack.

Ndiaffé Ndiaffé, Djilor djidiack, Koular : Seuls ces différents villages existaient dans la zone au moment de la fondation de Missirah.

Karang, Saroudia, Mamouda, Sirmang, Karantaba, Dassilamé soose, Taiba… : Les fondateurs de ces différents villages seraient tous originaires de Missirah.

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Légende de Dialman ndiorène : Dialma Ndiorène fut l’homme le plus géant que la zone n’est jamais connue. Il mesurait plusieurs mètres et parvenait à traverser le bolong à pied jusqu’en Gambie. Ce géant aurait vécu à la même période que le fondateur du village de Missirah. Mais juste avant de disparaître, il aurait laissé son empreinte digitale d’environ un mètre sur un baobab pour marquer son passage dans les environs. Malheureusement le baobab fut déraciné en 1996, lors de l’installation d’électricité dans le village. SARR Ibrahima

Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s) de l’élément patrimonial

Fonction initiale : village du Niombato

Fonctions actuelles : Village, lieu d’habitation, lieu de recueillement, zone touristique et d’activités économiques

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Statut : Village de la Communauté Rurale de Toubacouta, lieu de mémoire

Signification actuelle: le village de Missirah représente pour tous les habitants un lieu de mémoire pour avoir était le premier village du Niombato mais aussi le point de départ de la fondation de plus d’une dizaine de villages.

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de 
conservation, n° éventuel, année, pages ... à … Dans le cas d’un témoignage oral : NOM et Prénom de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré

Tradition orale

Indiquer le vecteur de transmission (griot, historien…)

Sources écrites

Archives, édition de textes

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis