IVRAF FO 0187 : Les sites sacrés de Ndiaffé Ndiaffé : Différence entre versions

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Version actuelle en date du 19 septembre 2014 à 14:42

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FO_0187

Date d'enquête

11/03/2014

13/03/2014

Nom et prénom de l'enquêteur

WADE Mame Coumba

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Sites

Appellations successives

Sites Mythiques de Ndiaffé Ndiaffé

Type de patrimoine

Patrimoine matériel

Thématique

Localisation

Département

Foundiougne

Commune

Sokone

Communauté Rurale

Diossong

Village

Ndiaffé Ndiaffé

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude : 13°53’29

Longitude :16°19’38

Historique et description

Acteur(s)

Ancêtres du village

Date/période de réalisation

indéterminée

Historique

Les lieux mythiques témoignent des pratiques animistes préhistoriques des peuples d’Afrique, d’Asie et même d’Europe. Très ancrés dans la culture des populations locales, ces lieux rythment la vie de certaines communautés particulièrement celles d’Afrique noire.

Au Sénégal, ces sites mythiques jouent un rôle essentiel dans certains villages comme Ndiaffé Ndiaffé où ils sont, la plupart du temps, considérés comme lieux de mémoires et véritables vecteurs identitaires.

Dans ce village sérère du département de Foundiougne, l’importance de ces sites symbolise la richesse du patrimoine historique et l’attachement aux valeurs ancestrales. Par conséquent, la population villageoise présente ces lieux comme des sites historiques, magiques, religieux et culturels, et qui sont habités par un ou plusieurs génies, dieux ou ancêtres. Ils représentent aussi des intermédiaires incontournables entre les habitants et leurs ancêtres ou divinité. Ceci pousse les populations de Ndiaffé Ndiaffé à y effectuer des sacrifices ou prières pour la santé, la prospérité, la maternité, une bonne saison pluvieuse, les calamités naturelles, les personnes mal intentionnées,…

Toutefois, à Ndiaffé Ndiaffé, ces pratiques animistes continuent de jouer un rôle important dans le village comme en atteste la présence de près d’une dizaine de sites sacrés. Ces derniers, répertoriés par la population locale, sont étroitement liés à l’histoire du village. A titre d’exemples on peut citer:

-« Mbame no Khone » : Appelé Mbame no Khone ou Taba (Cola cordifolia) des morts, cet arbre fut une escale pour les habitants de Ba doudou, Diaglé , Aliou Gueye qui venaient enterrer leurs morts à Ndiaffé Ndiaffé. Arrivés au niveau de cet arbre, les accompagnants déposaient la dépouille et observaient une pause en battant des tam-tams pour annoncer la nouvelle aux populations de Ndiaffé Ndiaffé. Ainsi ces derniers les rejoignaient avec des claquements de mains et ensemble ils accompagnaient le défunt jusqu’à sa dernière demeure.

-« Mbame nou rew » (Taba des femmes): Ce site sacré, très tôt découvert par Yandé Dabo Maack plus connue sous le nom de Mame Yandé, regorge d’énormes secrets mystiques. Sachant que le djinn de l’arbre ne s’intéresse qu’aux femmes, Mame Yandé, usant de ses pouvoirs de saltigué (mystiques), convia pour la première fois toutes les femmes du village à une cérémonie de prière autour de cet arbre appelé Taba (Cola cordifolia).

Après le décès de Mame Yandé, les femmes du village assurèrent la pérennisation de cette cérémonie sous la direction d’une femme saltigué nommé Gangoumel (responsable des prières). Cette dernière, respectée par toutes les femmes, devrait être une femme dotée de pouvoir surnaturel afin de communiquer avec le djinn du lieu.

Cette rencontre à « Mbame nou Rew » avaient lieu à l’approche de l’hivernage et permettaient aux dames de régler leurs problèmes personnels et ceux du village. Cette cérémonie rythmée de chants, danses et prédictions, voyait en plus des femmes de Ndiaffé Ndiaffé, la participation d’autres femmes ayant leur d’origine dans le village et résidant dans les villages environnants ou en Gambie.

-« Nguel Maack » : Avant la fondation du village de Ndiaffé Ndiaffé, Layti Senghor, cousin de Diaffé Sarr (fondateur du village) passait par l’actuel Nguel maack pour partir à la chasse. Ainsi, après que Diaffé Sarr lui a proposé de s’installer dans ce village, Layti Senghor lui proposa que ce site soit retenu pour abriter la place publique. Depuis, ce lieu fut un des lieux d’intronisation des rois et une place où se réunissaient tous les hommes initiés pour résoudre certains problèmes du village ou pour prier.

-« Baack no Ngawlou » (baobab griot): c’est un baobab traditionnel où l’on enterrait des griots sérères du village ou ceux ayant leur origine dans le village de Ndiaffé Ndiafé. Ainsi, pour les sérères de ce village, cet acte était une obligation car dit-on qu’un griot enterré à ciel ouvert entrainerait un rhume grave pouvant même être mortel pour la population.

Toutefois, après l’annonce du décès d’un griot, un responsable saltigué se chargeait de rassembler tous les villageois pour accompagner le défunt. Devant le baobab parents et amis, assistaient à une véritable démonstration de force physique et mystique avant l’enterrement du défunt. Chacun voulant être le héros du jour, seul le plus mystique et le plus courageux des griots parvenait à entrer le défunt dans le baobab. Les non griots n’avaient que le droit d’assister à la scène. L’enterrement était rythmé de beuverie, de tam-tams, de chants et danses…

A l’intérieur du baobab, le défunt devait s’adosser au tronc de l’arbre et garder une position verticale. Une porte en zinc fermait l’entrée du Baobab. « Sambame Sarr » : Sambame Sarr est un puits dont toute la population de Ndiaffé Ndiaffé ignore l’acteur. Néanmoins, Diaffé Sarr au cours de ses opérations de chasses, se reposait au milieu de la journée, sous un arbre local (santanc ou Danniellia Oliveri) à côté d’une termitière. Ainsi, il remarqua à deux reprises un oiseau du nom « thiik thior » qui chantait entre les branches et se cachait sous un petit trou de la termitière. En ressortant, l’oiseau éclaboussait quelques gouttes d’eau sur le corps de Diaffé Sarr.

Très curieux de découvrir ce qui se cache dedans, Diaffé vint le lendemain avec une arme blanche et agrandit le trou. Ainsi, il lança une pierre dedans et pointa son oreille sur le trou. Soudain, il entendit un bruit qui renseigne de la présence d’eau de cette termitière. Depuis il a été la principale source d’approvisionnement du village jusqu’à son tarissement.

-«Takhar no Saint Louis» ou «garing no Ndar» est un arbre local qui a migré de Saint-Louis au village de Ndiaffé Ndiaffé. Cependant, après son implantation dans le village de Ndiaffé Ndiaffé , un vieux originaire de Saint-Louis le reconnu et affirma à la population autochtone que cet arbre est venu de Saint-Louis pour s’installer dans le village. Après cette information, les villageois très émus organisèrent une fête pour lui souhaiter la bienvenue. Depuis l’arbre joua un rôle important dans le village car il renseignait toujours sur le déroulement de la saison pluvieuse.

-« Forêt classée de Ndiaffé Ndiaffé » : Avant le classement de la forêt de Ndiaffé, la famille de Layti Senghor fondateur du village de Djinack y effectuait des Cuur (libations). Ce Cuur avait pour vocation de démanteler toute personne ou esprit maléfique autour des villages. le dernier sa cuur à y avoir effectué des libations est Diaffé Senghor de Diongone. Le Cuur se situait au niveau de la forêt de Senghor.

-Teenou Bour (Ngass no maad) ou puits du roi : en partant pour un voyage, la population de Ndiaffé préférait passer à cheval devant ce puits afin d’avoir une idée sur l’issue de leur séjour. Et selon la réaction du cheval, l’intéressé saura si son séjour se passera comme prévu ou non. Si l’animal passe tranquillement devant le puits, la personne peut être rassurée mais au cas contraire, le cheval galopait jusqu’à le faire tomber.

En outre, à ces sites pris à titre d’exemple, s’ajoutent d’autres comme Kaaraano : qui appartient à la famille diouf, Loungougne…

Toutefois, ces sites sacrés, dont certains font l’objet d’attraction touristique, revêtent à la fois une dimension mystique et culturelle. Par conséquent ces lieux sont préservés grâce au respect des traditions, à la crainte qu'inspirent les esprits qu'ils hébergent et aux interdits religieux qui réglementent leurs abords.

Cependant, les pratiques religieuses associées à ces sites sacrés subissent la concurrence de l’islam, le recul de la tradition animiste et la scolarisation dans le village de Ndiaffé. Ainsi, ces sites sacrés tendent de plus en plus à disparaître sous l’influence du recul de la tradition.

Description

Texte libre

Croquis (le cas échéant)

De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement

État sanitaire

Passable

Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique)

Foundiougne : Département abritant ces sites sacrés.

Sokone : Le village de Ndiaffé Ndiaffé fait partit de la commune de Sokone.

Les villages de Ba doudou, Diaglé , Aliou Gueye : Ils quittaient leur villages pour enterrer leurs morts à Ndiaffé Ndiaffé.

Gambie : Les femmes de Ndiaffé Ndiaffé résidant dans cette république viennent assister à la cérémonie des femmes à Mbame no rew.

Saint Louis : Un arbre local a quitté cette ville pour venir s’implanter à Ndiaffé Ndiaffé.

Djinack : Village où réside la famille de Layti Senghor qui effectuait des Cuur (libations) dans la forêt classée de Ndiaffé Ndiaffé.

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s) de l’élément patrimonial

Fonction initiale : lieux de recueillement, de prières, de prédiction, de libation …

Fonction actuelle : lieux de prières, de libation, lieu de mémoire

Statut et signification actuelle de l'élément patrimonial

Statut : Patrimoine culturel du village de Ndiaffé Ndiaffé

Signification actuelle : Les sites sacrés de Ndiaffé Ndiaffé constituent un patrimoine culturel très riche faisant la particularité du village de Ndiaffé Ndiaffé. Ainsi, même si certaines pratiques autour de quelques sites sacrés sont abandonnées, la population en garde toujours les souvenirs et préserve soigneusement les vestiges.

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de 
conservation, n° éventuel, année, pages ... à … Dans le cas d’un témoignage oral : NOM et Prénom de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré

Tradition orale

Koor Gnambo , Doyenne, Ndiaffé Ndiaffé

Koor Mamadou (fils), chef de Village Ndiaffé Ndiaffé

KOR Mamadou, Doyen du village, Ndiaffé Ndiaffé

KOR Ndig, Issa, Ibou et Daouda, Habitants du Village

Sources écrites

Arbonnier Michel, « Arbres, arbustes et lianes des zones sèches d'Afrique de l'Ouest », Editions Quae, 2002 - 573 pages

Juhé-Beaulaton Dominique, « Forêts sacrées et sanctuaires boisés: des créations culturelles et biologiques (Burkina Faso, Togo, Bénin) », KARTHALA Editions, 2010 - 280 pages

Kapiten Didier Mupaya, « Mystère du Christ et expérience africaine: rites et histoire du Congo comme témoignage de vérité chrétienne », L'Harmattan, 2008 - 492 pages

Sitographie

http://suite101.fr/article/bois-sacres-en-afrique-louest-animisme-tourisme-et-ecologie-a24968#.U4Bt4dIhCbE

http://www.buddhachannel.tv/portail/spip.php?article1533

http://www.mediaterre.org/actu,20140415111001,5.html

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis