IVRAF FO 0137 : Village de Dionewar : Différence entre versions

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Une stèle attestant de l’appartenance de Dionewar au royaume d’enfance de Senghor a été confectionnée par la fondation Senghor. Toutefois, pour des raisons de commodités, la stèle a été installée à Ndangane.
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Une stèle signifiant l’appartenance de Dionewar au « Royaume d’enfance » de Senghor a été confectionnée par la « Fondation Senghor ». Toutefois, pour des raisons de commodités, la stèle est installée à Ndangane.
  
 
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GRAVRAND Henry, ''la civilisation Sereer : Cosaan'', Abbéville, 1983, 361 p
 
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DIALLO Amadou Oury, Epopée du fouta-Djalon. La chute du Gabou, paris, L’Harmattan-IFAN-OIF, 2009, 255 pages
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NIANE Djibril Tamsir, Histoire des Mandingues de l’Ouest, Paris, Karthala-Arsan, 1989
  
 
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Version actuelle en date du 11 octobre 2013 à 12:09

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FO_0137

Date d'enquête

08/05/2013

Nom et prénom de l'enquêteur

FAYE Selbé

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Ile

Appellations successives

Dione Wane

Dionewar

Type de patrimoine

Patrimoine matériel

Thématique

Senghor

Localisation

Département

Foundiougne

Arrondissement

Niodior

Communauté rurale

Dionewar

Village

Dionewar

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude :

Longitude :

Historique et description

Acteur(s)

Ngodane

Date/période de réalisation

Vers 1234

Historique

C’était à Gabou (dans l’actuelle Guinée Bissau), lorsqu’éclata la guerre entre le royaume théocratique des Peuls du Fouta Djalon et le Gabou dans laquelle plusieurs familles perdirent leurs membres. Tel fut le cas de Ngodane, une femme guelwaar (de la dynastie royale) à qui, il ne restait que son jeune frère Takra.

Les deux mandingues (ethnie du Gabou), Ngodane et son frère Takra, en quête d’un lieu d’habitation sécurisé, s’installèrent d’abord à Wakhaldiam, non loin de Niakhar. Mais, ils ne restèrent que trois ans dans ce village car il leur manquait de la place, et le lieu n’était pas celui indiqué de façon mystique à Ngodane. La jeune femme, convaincue que le village de Wakhaldiam n’était pas la destination indiquée, suggéra à son frère de le quitter.

Ils s’en allèrent vers une destination nouvelle et s’installèrent une seconde fois à Joal, car le guide sprituel de Ngodane lui avait indiqué un village entouré d’eau. A joal, le frère et la sœur restèrent deux ans mais ce village n’était toujours pas le lieu indiqué dans les songes de Ngodane inspirés par son Pangol (Génie religieux).

Ils repartirent et firent une halte à la pointe de Sangomar. Cette halte n’était pas fortuite, car dans ce lieu habitait de son Fangool (génie religieux) qui lui indiquait dans des songes le lieu de son installation définitive. Ngodane serait ensuite rejointe à Sangomar par une cousine avec qui elle avait prévu de faire le voyage depuis le Gabou, leur terre natale. La cousine, grâce à ses pouvoirs mystiques les avait suivi en compagnie de ses enfants. Ce geste de Ngodane était perçu par sa cousine comme une trahison. C’est d’ailleurs cette trahison qui valut à Ngodane son prénom (du verbe sérère « xod » ou hod qui signifie trahir).

Mais, le Fangool de Sangomar signifia à Ngodane qu’il ne pouvait pas cohabiter avec eux, car lui aussi (le Fangool) avait besoin d’espace pour sa progéniture. Il lui dit que le lieu de leur installation n’était plus qu’à quelques minutes de traversée. Profitant du temps qui leur restait sur la presqu’île de Sangomar, Ngodane demanda à sa cousine de la tresser. Pendant que celle-ci la tressait, la marée commença à monter. Ngodane dit en sérère à sa cousine : « sangi o maar ole (nofadi o maar ole) o maag ole oxe mayiidaa ! », (dépêche-toi de me tresser, la marée est en train de monter). C’est cette expression « sangi maar olé » qui donna naissance au toponyme de l’île de Sangomar.

Après la petite séance de tresses, les deux familles embarquèrent à bord d’un radeau fabriqué sur place à l’aide de matériaux rudimentaires. Ainsi, elles rejoignirent le lieu recherché qu’elles prénommèrent en sérère, « Joon waan » en référence aux différents courts séjours qu’ils ont eu à effectuer avant leur installation définitive. Une mauvaise orthographe du toponyme est à l’origine du nom officiel, d’où l’appellation actuelle de Dionewar. C’était ainsi vers 1234, que les deux lignées « fatafata « et « simala » (lignées maternelles) créèrent le village de Dionewar.

Selon la tradition orale, quand les « simala » (Ngodane et son frère) s’activaient pour construire leur nouveau village, les « fatafata » (la cousine de Ngodane et ses enfants) passaient leur temps à dormir. C’est de là qu’est né le cousinage à plaisanterie entre les deux lignages. Les « simala » se vantent d’être des travailleurs en qualifiant les « fatafata » de fainéants.

Si la création de Dionewar est attribuée à Ngodane puisque c’est elle qui, grâce à des songes trouva le lieu, le fait d’arriver sur les lieux avec sa cousine fait dire à certains que le village a été fondé par les simala et les fatafata. Ces deux familles mandingues seront rejointes plus tard, par les sérères. Mais le brassage existait déjà car les immigrés mandingues ont séjourné des villages sérères avant leur installation définitive à Dionewar. Au lieu de garder leur langue maternelle du Gabou, elles ont subi une acculturation et ont fini par devenir des sérères. Depuis, on les appelle Sérère niominka, car niominka signifie en langue mandingue, « les gens de l’eau ».

Dionewar fait partie du royaume d’enfance de Senghor. En effet, dans son œuvre Nocturnes, Senghor évoque Dionewar : « nous revenions de Dionewar, nos pensées s’attardaient sur les bolongs ». Les sages du village de Dionewar nous ont confirmé qu’à plusieurs reprises, le poète-président est venu visiter l’île. Ils nous ont également fait savoir qu’il aimait bien demander pour son menu, un plat bien local en pays sérère : du couscous de mil et des moules (saac fo paan).

Description

Niché au cœur du delta du Saloum, l’île de Dionewar fait partie de la communauté rurale du même nom. Elle dépend de l’arrondissement de Niodior composé de 19 îles. Le village est limité au nord par l’îlot de Djimsane, au sud par l’île de Niodior, à l’est par les îles de Falia et de Diogane, et à l’ouest par l’île de Sangomar. Dionewar compte 7500 habitants répartis dans les trois quartiers du village que sont : Mbind Maak, Ndéralé, Ndiokhé. L’île est quasiment composée de musulmans, comme en atteste son imposante mosquée située au quartier Ndéralé.

Dionewar dispose d’un district sanitaire, d’une « case des tous petits », de deux écoles primaires, de deux écoles arabes, d’un lycée qui s’arrête en première et un hôtel. L’île ne bénéficiant pas de forage, il n’y a donc pas de raccordement en eau courante. L’électricité fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène et de plaque solaires. Le solaire est cependant en panne depuis 2004.

Les activités principales du village sont la pêche, l’agriculture et l’élevage. Dans cette île niominka, la transformation des produits halieutiques occupe une place prépondérante dans l’économie. En outre, l’artisanat n’est pas en reste avec l’instauration en plein cœur du village d’une maison artisanale où habitants, visiteurs et touristes peuvent s’offrir les produits artistiques locaux.

Par ailleurs, ONG, GIE et associations locales interviennent dans le développement local du village. Dix-neuf (19) GIE de femmes y constituent une fédération locale, 6 GIE locaux chapeautés par l’union locale et par une dizaine d’associations de jeunes.

Derrière tous ces groupements et associations, se cache une organisation des plus minutieuses. En effet, certaines associations s’impliquent dans l’assainissement, la protection de l’environnement et le nettoyage du village. D’autres veillent à la divagation des animaux (ils ne doivent pas circuler entre 8 heures et 18 heures), d’autres encore s’occupent de l’animation, de la régulation du transport et des activités touristiques.

L’île de Dionewar est également réputée pour ses activités culturelles parmi lesquelles la lutte organisée annuellement le mois de l’Aid el Kébir (Tabaski). Les « mâl » (groupes d’âge) participent à l’animation culturelle du village durant toute l’année avec l’organisation de « ngel » (cérémonies de chants et danses traditionnelles sérères) et d’autres festivités locales.

Parmi les singularités de Dionewar, la fête dite « panal ». C’est une cérémonie typique de l’île qui date de 1954. Pendant la cérémonie, plusieurs hommes dansent en portant sur leur tête une pirogue décorée aux couleurs des îles.

Croquis (le cas échéant)

Lieux associés (autour de la même thématique)

Gaabou, lieu d’origine de Ngodane, la fondatrice du village

Wakhaldiam, premier village où Ngodane, fondatrice de Dionewar s’est arrêtée

Joal, deuxième village de Ngodane avant son arrivée à Dionewar

Sangomar, lieu de culte rattaché à la création du village

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Le Fangool (génie religieux) Sangomar aurait guidé Ngodane dans sa quête d’un lieu d’habitation sécurisé.

Sangomar protégerait Dionewar de l'avancée de la mer et des calamités naturelles.

Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Fonctions initiales : lieu d’habitation

Utilisations actuelles : lieu d’habitation, lieu de mémoire du « Royaume d’enfance » de Senghor.

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Statut : village de l’arrondissement de Niodior

Signification actuelle : Le village de Dionewar est d’une importante valeur patrimoniale du fait de son brassage entre populations mandingues du Gabou et populations sérères, brassage dont on retrouve parfois les traces dans le langage.

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Une stèle signifiant l’appartenance de Dionewar au « Royaume d’enfance » de Senghor a été confectionnée par la « Fondation Senghor ». Toutefois, pour des raisons de commodités, la stèle est installée à Ndangane.

Sources

Bibliographie

Tradition orale

DIOP Bira Coly, Président de la communauté rurale de Fimela

NDIAYE Ismaïla, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar

SARR Insa, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar

SARR Ousmane, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar

Sources écrites

GRAVRAND Henry, la civilisation Sereer : Cosaan, Abbéville, 1983, 361 p

DIALLO Amadou Oury, Epopée du fouta-Djalon. La chute du Gabou, paris, L’Harmattan-IFAN-OIF, 2009, 255 pages

NIANE Djibril Tamsir, Histoire des Mandingues de l’Ouest, Paris, Karthala-Arsan, 1989

Illustrations

Fichier:Exemple.jpg===Photographies actuelles===

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

Dessins/croquis