IVRAF FO 0137 : Village de Dionewar : Différence entre versions
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Niché au cœur du delta du Saloum, l’île de Dionewar fait partie de la communauté rurale du même nom. Elle dépend de l’arrondissement de Niodior, composé de 19 îles. Le village est limité au nord par l’îlot de Djimsane, au sud par l’île de Niodior, à l’est par les îles de Falia et Diogane et à l’ouest par l’île de Sangomar. Dionewar compte 7500 habitants répartis dans les trois quartiers du village que sont :Mbine Maak, Ndéralé, Ndiokhé. L’île est quasiment composée de musulmans, comme en atteste son imposante mosquée située au quartier Ndéralé. | Niché au cœur du delta du Saloum, l’île de Dionewar fait partie de la communauté rurale du même nom. Elle dépend de l’arrondissement de Niodior, composé de 19 îles. Le village est limité au nord par l’îlot de Djimsane, au sud par l’île de Niodior, à l’est par les îles de Falia et Diogane et à l’ouest par l’île de Sangomar. Dionewar compte 7500 habitants répartis dans les trois quartiers du village que sont :Mbine Maak, Ndéralé, Ndiokhé. L’île est quasiment composée de musulmans, comme en atteste son imposante mosquée située au quartier Ndéralé. | ||
− | Dionewar dispose d’un district sanitaire, d’une case des tous petits, de deux écoles primaires, de deux écoles arabes et d’un lycée | + | Dionewar dispose d’un district sanitaire, d’une case des tous petits, de deux écoles primaires, de deux écoles arabes et d’un lycée. L’île ne bénéficiant pas de forage, il n’y a donc pas de raccordement en eau courante. L’électricité fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène et de plaques solaires. Cependant, le solaire est en panne depuis 2004. |
Les activités principales du village sont la pêche, l’agriculture et l’élevage. Dans cette île niominka, la transformation des produits halieutiques occupe une place prépondérante dans l’économie. En outre, l’artisanat n’est pas en reste avec l’instauration en plein cœur du village d’une maison artisanale, où habitants, visiteurs et touristes peuvent s’offrir les fabrications artistiques locales. | Les activités principales du village sont la pêche, l’agriculture et l’élevage. Dans cette île niominka, la transformation des produits halieutiques occupe une place prépondérante dans l’économie. En outre, l’artisanat n’est pas en reste avec l’instauration en plein cœur du village d’une maison artisanale, où habitants, visiteurs et touristes peuvent s’offrir les fabrications artistiques locales. |
Version du 3 juillet 2013 à 23:38
Sommaire
Références du dossier documentaire
Numéro du dossier
IVRAF_FO_0137
Date d'enquête
08/05/2013
Nom et prénom de l'enquêteur
FAYE Selbé
Désignation
Dénomination(s) actuelle(s)
Ile
Appellations successives
Dione Wane
Dionewar
Type de patrimoine
Patrimoine matériel
Thématique
Senghor
Localisation
Département
Foundiougne
Arrondissement
Niodior
Communauté rurale
Dionewar
Village
Dionewar
Adresse
Références cadastrales (le cas échéant)
Section :.......... N° parcelle(s) :..........
Géolocalisation
Latitude :
Longitude :
Historique et description
Acteur(s)
Ngodane
Date/période de réalisation
Vers 1234
Historique
C’était à Gaabou (dans l’actuelle Guinée Bissau), lorsqu’éclata la guerre de succession entre Soundiata Keïta et Soumangourou Kanté dans laquelle plusieurs personnes perdirent des membres de leurs familles. Ce fut le cas de Ngodane, une femme guelwaar (dynastie royale) à qui, il lui restait que son jeune frère Takra.
Les deux mandingues (ethnie du Gaabou) Ngodane et son frère Takra dans la quête d’un lieu d’habitation sécurisé, s’installèrent en premier lieu à Wakhaldiam, non loin de l’arrondissement de Niakhar. En effet, ils ne restèrent que trois ans dans ce village car ils leur manquaient de la place, en plus, ce lieu n’était pas celui qui a été indiqué de façon mystique à Ngodane. La jeune femme, n’étant pas convaincue par le village de Wakhaldiam, elle recommanda à son frère de quitter.
Ils s’en allèrent vers une destination nouvelle et s’installèrent une seconde fois à Joal car le guide sprituel de Ngodane lui avait indiqué un village entouré d’eau. A joal, le frère et la sœur restèrent deux ans puisque ce village n’était toujours pas le lieu indiqué dans les rêves de Ngodane par son Fangool (Génie religieux).
Ils repartirent, une fois de plus et firent une halte à la pointe de Sangomar. Cette halte n’était pas anodine, puisque ce serait le lieu d’habitation de son Fangool (génie religieux) qui lui indiquait par des visions le lieu idéal à son installation définitive. Ngodane serait rejoint à Sangomar par une cousine avec qui elle avait promis de faire le voyage ensemble depuis Gaabou, leur terre natale. La cousine, disposant également de pouvoirs mystiques avait suivi ses traces, accompagnée de ses enfants. Ce geste de Ngodane avait été perçu comme une trahison par sa cousine. En effet ce fut cette trahison qui valut à Ngodane son prénom qui vient du verbe sérère « khod » signifiant trahir.
Par ailleurs, le Fangool de Sangomar fit savoir à Ngodane qu’il ne pouvait pas cohabiter avec eux car lui aussi (le Fangool) avait besoin d’espace avec sa progéniture. Il lui indiqua que le lieu de leur installation n’était plus qu’à quelques minutes de traversée. Vu le peu de temps qui leur restait sur la presqu’île de Sangomar, Ngodane demanda à sa cousine de la tresser. Au moment de la coiffure, la mer commença à gagner du terrain et Ngodane dit en sérère à sa cousine : « sangui marolé (gnofandi marolé), o magolé khé mayidi », ce qui signifie dépêche-toi de me tresser la mer est en train d’avancer. C’est alors cette expression « sangui marolé » qui donna naissance au toponyme de l’île de Sangomar.
Après la petite séance de coiffure, les deux familles embarquèrent à bord d’un radeau fabriqué sur place à l’aide de matériaux rudimentaires. Ainsi, elles rejoignirent leur lieu recherché qu’elles prénommèrent Dione-wane en référence aux courts séjours qu’ils ont eu à effectuer avant leur installation définitive. Une mauvaise orthographe du toponyme a été à l’origine du nom officiel, d’où l’appellation actuelle de Dionewar. C’était alors vers 1234 que les deux familles « fatafata « et « simala » (lignages maternels) créèrent le village de Dionewar.
Selon la tradition orale, lorsque les « simala » (Ngodane et son frère) s’activaient pour construire leur nouveau village, les fatafata (la cousine de Ngodane et ses enfants) passaient leur temps à dormir. C’est de là qu’est né le cousinage à plaisanterie entre les deux lignages. Les simala vantent le mérite d’être des travailleurs et qualifient les fatafata de fainéants.
Si la création de Dionewar a été attribuée à Ngodane puisque c’est elle qui, grâce à des visions trouva le lieu. Le fait qu’elle arriva avec sa cousine fait dire à certains que le village a été fondé par les simala et les fatafata (lignages maternels des deux cousines). Les deux familles mandingues seront rejointes plus tard par les sérères mais le brassage existait déjà car les familles mandingues séjournèrent pendant des années dans des villages sérères avant leur installation définitive à Dionewar. Au lieu de garder leur langue maternelle du Gaabou, les familles ont opté pour une acculturation et sont devenues sérères. On les appelle sérères niominka puisque niominka signifie en langue mandingue, les gens de l’eau.
Par ailleurs, Dionewar fait partie du royaume d’enfance de Senghor. En effet, dans son œuvre Nocturne Senghor évoque Dionewar « nous revenions de Dionewar, nos pensées s’attardaient sur les bolongs ». En effet, les sages du village de Dionewar nous ont confirmé qu’à plusieurs reprises, le poète-président est venu visiter l’île. Ils nous ont également fait savoir qu’il aimait bien demander pour son menu, un plat bien local en pays sérère, le « sadjie fo pagne », un plat à base de mil (céréale locale) et de moules (fruits de mer).
Description
Niché au cœur du delta du Saloum, l’île de Dionewar fait partie de la communauté rurale du même nom. Elle dépend de l’arrondissement de Niodior, composé de 19 îles. Le village est limité au nord par l’îlot de Djimsane, au sud par l’île de Niodior, à l’est par les îles de Falia et Diogane et à l’ouest par l’île de Sangomar. Dionewar compte 7500 habitants répartis dans les trois quartiers du village que sont :Mbine Maak, Ndéralé, Ndiokhé. L’île est quasiment composée de musulmans, comme en atteste son imposante mosquée située au quartier Ndéralé.
Dionewar dispose d’un district sanitaire, d’une case des tous petits, de deux écoles primaires, de deux écoles arabes et d’un lycée. L’île ne bénéficiant pas de forage, il n’y a donc pas de raccordement en eau courante. L’électricité fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène et de plaques solaires. Cependant, le solaire est en panne depuis 2004.
Les activités principales du village sont la pêche, l’agriculture et l’élevage. Dans cette île niominka, la transformation des produits halieutiques occupe une place prépondérante dans l’économie. En outre, l’artisanat n’est pas en reste avec l’instauration en plein cœur du village d’une maison artisanale, où habitants, visiteurs et touristes peuvent s’offrir les fabrications artistiques locales.
Par ailleurs, ONG, GIE et associations locales interviennent dans le développement local et le dynamisme du village. En effet l’on note 19 GIE de femmes constitués en fédération locale, six GIE locaux chapeautés par l’union locale et une dizaine d’associations de jeunes.
Derrière tous ces groupements et associations, se cache une organisation des plus minutieuses. En effet, certaines associations s’impliquent dans l’assainissement, la protection de l’environnement et le nettoyage du village, d’autres veillent à la divagation des animaux (ils ne doivent pas circuler entre 8 heures et 18 heures), d’autres encore s’occupent de l’animation, de la régulation du transport et des activités touristiques.
L’île de Dionewar est également réputée pour ses activités culturelles dont la lutte organisée dans le mois de la fête musulmane Aid el Kébir (Tabaski). Les « mâl » (groupes d’âge) participent à l’animation culturelle du village durant toute l’année avec l’organisation de « nguêl » (cérémonies de chants et danses traditionnelles sérères) et d’autres festivités locales.
D’autre part, une fête assure la singularité de Dionewar, son « panal ». C’est une cérémonie typique de l’île, datant de 1954. Pendant la cérémonie plusieurs hommes dansent en portant une pirogue décorée aux couleurs des îles.
Croquis (le cas échéant)
Lieux associés (autour de la même thématique)
Gaabou, lieu d’origine de Ngodane, la fondatrice du village
Wakhaldiam, premier village d’installation de Ngodane, fondatrice de Dionewar
Joal, deuxième village d’installation de Ngodane avant son arrivée à Dionewar
Sangomar, lieu de culte, rattaché à la création du village
Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial
Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)
Le Fangool (génie religieux) Sangomar aurait guidé Ngodane dans sa recherche de lieu d’habitation sécurisé.
Sangomar protégerait Dionewar de l'avancée de la mer et des calamités naturelles.
Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial
Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial
Fonctions initiales : lieu d’habitation
Utilisations actuelles : lieu d’habitation, lieu de mémoire du royaume d’enfance de Senghor.
Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial
Statut : village de l’arrondissement de Niodior
Signification actuelle : Le village de Dionewar revêt une importante valeur patrimoniale du fait de son brassage entre populations mandingues du Gaabou et populations sérères, brassage que l’on retrouve parfois dans le langage.
Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial
Une stèle attestant de l’appartenance de Dionewar au royaume d’enfance de Senghor a été confectionnée par la fondation Senghor. Toutefois, pour des raisons de commodités, la stèle a été installée à Ndangane.
Sources
Bibliographie
Tradition orale
DIOP Bira Coly, Président de la communauté rurale de Fimela
NDIAYE Ismaïla, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar
SARR Insa, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar
SARR Ousmane, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar
Sources écrites
GRAVRAND Henry, la civilisation Sereer : Cosaan, Abbéville, 1983, 361 p
Illustrations
Photographies actuelles
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