IVRAF FA 0147 : Le saamel

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Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FA_0147

Date d'enquête

année de l'enquête

Nom et prénom de l'enquêteur

SECK Badé

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Cérémonie

Appellations successives

Saamel

Type de patrimoine

Patrimoine immatériel

Thématique

Localisation

Commune

Lieu-dit/quartier/autre

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude :
Longitude :

Historique et description

Acteur(s)

Fapo Ndjindé SENE

Date/période de réalisation

Non déterminée

Historique

Senghor, un village situé dans le département de Fatick, se distingue par une coutume très particulière dénommée le « saamel ».

Historiquement, le saamel est rattaché à Fapo Djindé Sène, du nom de l’un des deux fondateurs du village de Senghor (l’autre cofondateur s’appelait Moundor Senghor). En effet, Fapo Djindé Sène était doté d’une force mystique extraordinaire qui lui permettait de communiquer avec les esprits. A sa mort, il légua ses pouvoirs à ses descendants. L’héritage du saamel se fait par lignée paternelle. La personne qui hérite du pouvoir porte le titre de « paar » et c’est généralement le plus âgé de la famille Sène qui était intronisé. Le « paar » est la personne à qui sont confiés les secrets et la responsabilité du « saamel ». L’actuel « paar » du village de Senghor s’appelle Latyr Maak Sène.

Le saamel est pratiqué jusqu’à présent par la famille Sène. La dernière en date a été réalisée au village de Mbine Mbissane (non loin de Fatick) au début de l’année 2013. Du temps de la royauté, le « saamel » était une pratique à laquelle la famille royale.

Description

Le saamel est une cérémonie très mystique qui consiste à révéler à la famille d’un défunt des secrets que celui-ci aurait mystérieusement confiés au « paar » du village de Senghor avant sa mort. Le « paar » est le titre porté par le chef des griots du village de Senghor. Fort de toutes les forces mystiques dont il est l’héritier, le « paar » est ainsi doté d’un rare pouvoir qui consiste à communiquer avec l’esprit d’une personne dont la mort est imminente. Mais, communiquer avec un esprit serait-il possible ? Est-ce que réellement cette communication existe ? Et si tel est le cas, comment cette communication se déroulerait-elle ?

Voila un certain nombre de questionnements que ne manqueront de se poser toute personne éprise de scientificité et de rationalité. Mais, comprendre un tel phénomène requiert une autre démarche que celle scientifique. Cette démarche consisterait à observer et analyser le saamel selon des critères extraits des réalités du milieu sérère faites de mysticité et d’irrationalité. Dès lors, pour élucider le mystère du saamel, il faudrait d’emblée savoir que dans la tradition sérère, il existerait des sortes de devins qui sont dotées de forces mystiques telles qu’ils peuvent sentir leur mort lorsqu’elle s’approche. Dès lors, si ce devin a des secrets ou recommandations qu’il aimerait faire passer après sa mort, il peut solliciter l’aide du « paar » pour qu’il lui effectue le « saamel ».

Cette communication mystérieuse se déroule donc ainsi : le devin dont la mort s’approche quitte son village sous forme d’ombre sans que personne ne puisse le voir. Arrivé au village de Senghor, il entre directement dans la chambre du « paar ». Une fois dans la chambre, pour annoncer son arrivée, il tape trois fois sur un tambour sacré installé dans la chambre pour les besoin du saamel. Au bruit de ce tambour, le « paar » l’accueille et lui demande le motif de sa visite. L’esprit lui raconte dès lors tous les secrets qu’il aimerait que le paar lui divulgue après sa mort. Généralement, les secrets livrés par l’esprit sont liés à l’héritage et dans ce cas, le « saamel » fera office de testament.

Mais, il peut aussi arriver que l’esprit lui livre d’autres types de secrets. Il en est ainsi par exemple lorsque le devin risque d’entrainer dans sa mort un membre de sa famille. En effet, d’après l’actuel « paar » du village, lorsqu’un devin est trop attaché à un membre de sa famille, leurs âmes s’en trouvent liés de sorte qu’ils peuvent mourir le même jour. Ainsi, si le devin sent que son âme est liée à celui d’un membre de membre, il sollicite le « paar » qui jette un sort pour éviter que les deux personnes décèdent le même jour.

Le devin peut aussi solliciter le « paar » pour bien d’autres raisons mais, dans tous les cas, le « paar » avant d’accepter d’effectuer le « saamel » demande que l’esprit lui offre un bœuf.

Une fois que le « paar » et le l’esprit aient discuté sur le secret à divulguer et les conditions du saamel, l’esprit retourne chez lui toujours sous forme d’ombre. La mort effective du devin peut intervenir dès son retour chez lui ou plus tard. Mais, de toutes les façons, le même esprit prendra le soin de revenir dans la chambre du « paar » pour l’informer du décès du devin. Une fois la nouvelle du décès reçue, la famille du « paar » se renseigne sur le jour exact de célébration des cérémonies de funérailles car c’est à la veille de cette date que le « paar » révèle le secret à la famille du défunt. Avant leur départ au village du défunt, les griots se préparent mystiquement et se vêtissent d’un accoutrement spécifique au saamel. Le « paar » quant à lui se drape d’un grand boubou rouge orné de gris-gris et d’un bonnet de même couleur. Une fois dans la demeure du défunt, ils informent la famille de celui des raisons de leur visite. Aussitôt après ils ressortent et s’installent devant la maison mortuaire où aura lieu la cérémonie du saamel. La cérémonie du saamel est l’occasion pour le « paar » de divulguer à la famille tous les secrets que le défunt lui avait confessés avant sa mort. En contrepartie, le « paar » réclame le bœuf que lui avait promis. La cérémonie du saamel dure environ une heure et se termine juste après que le bœuf soit donné au « paar ».

Cependant, il peut arriver que la famille du défunt, pour une raison ou une autre, soit sceptique par rapport à l’organisation de la cérémonie du saamel. Dans ce cas, les griots usent d’une certaine diplomatie en laissant à la famille quelques heures de concertation. Si la famille s’entête et s’interpose radicalement à l’organisation de la cérémonie du saamel, les griots retournent chez eux. Toutefois, il faut préciser qu’il est rare de voir une famille s’opposer au saamel par crainte aux pouvoirs mystiques qui accompagnent cette tradition séculaire. En effet, selon Latyr Maak SENE, actuel « paar » du village de Senghor, les rares familles qui commettent l’erreur de refuser l’organisation du saamel le regrettent toujours car un malheur finit inéluctablement par s’abattre tôt ou tard sur elles. D’ailleurs, poursuit-il, les familles après le refus du saamel se retrouvent dans tellement de difficultés qu’ils viennent au village de Senghor pour solliciter l’intervention du « paar ». Dans ce cas, le « paar » leur effectue enfin le « saamel » et leur relate les dernières volontés du défunt avant de réclamer le bœuf.

Croquis (le cas échéant)

De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement

État sanitaire

Très bon, bon, passable, mauvais.
Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique)

Sine : Territoire dans lequel s’effectue exclusivement le « saamel »

Mbine Mbissane : Village où a eu lieu un saamel en 2013

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Utilisation de l’espace, gestes associés

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Propriété publique, propriété privée, classé monument historique, à classer, représentation (lieu de mémoire ou non)

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de 
conservation, n° éventuel, année, pages ... à … Dans le cas d’un témoignage oral : NOM et Prénom de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré

Tradition orale

Indiquer le vecteur de transmission (griot, historien…)

Sources écrites

Archives, édition de textes

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis