IVRAF FA 0146 : Le cousinage à plaisanterie chez les sérères

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Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FA_0146

Date d'enquête

30 Juillet 2013

Nom et prénom de l'enquêteur

Badé Seck

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Appellations successives

Type de patrimoine

Patrimoine immatériel

Thématique

Localisation

Commune

Fatick

Lieu-dit/quartier/autre

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude :
Longitude :

Historique et description

Acteur(s)

Aïeuls des Sérères, des Poulars et des Diolas

Date/période de réalisation

Non déterminée

Historique

Pour beaucoup d’observateurs (nationaux et internationaux), si le Sénégal a su resté stable socialement, c’est en grande partie lié au travail de nos aïeuls qui, par le biais de certaines pratiques, ont réussi à jeter les bases d’un véritable Etat-nation. En effet, nos aïeuls ont réussi à instaurer et consolider une certaine paix sociale à travers le culte du pardon et de la tolérance. Ainsi, contrairement à d’autres pays Africains, le Sénégal a su avoir le génie de transformer la différence ethnique en richesse culturelle à travers un certain nombre de coutumes et d’usages. Parmi ces pratiques garantes de notre paix sociale, le cousinage à plaisanterie occupe une place de choix.

Le cousinage à plaisanterie est une sorte de taquinerie que certaines ethnies sénégalaises s’autorisent entre eux. En effet, par ce pacte, deux ethnies cousins s’autorisent mutuellement à se chambrer et même parfois à se critiquer sans que personne ne se fâche. C’est un moyen de stabilisation sociale dans la mesure où il est rare de voir au Sénégal deux personnes issus de deux ethnies cousins s’affronter et ce, quelques soient les intérêts en cause. Au contraire lorsque deux personnes découvrent qu’elles sont issues d’ethnies cousins, elles développent spontanément une amitié et une solidarité au nom de ce pacte.

Le cousinage à plaisanterie est dès lors présent dans tous les segments de la société sénégalaise et même dans les lieux de travail où il est souvent mis à profit pour développer une solidarité entre collègues et pour faciliter l’intégration de certains travailleurs.

Dans la société sérère, le cousinage à plaisanterie occupe une place extrêmement importante. Chez les sérères, le cousinage à plaisanterie se présente sous quatre formes différentes à savoir : un cousinage interethnique, un cousinage entre patronymes, un cousinage entre lignée maternelle et un cousinage entre villages. Le cousinage interethnique se pratique entre l’ethnie Sérère et les ethnies Diolas et Poular. Historiquement, les personnes interrogées n’ont pas pu déterminer de manière exacte ce qui serait à l’origine du cousinage entre patronyme, entre lignée et entre village. Par contre, pour ce qui est du cousinage entre les sérères et les ethnies Diolas et Poular, les versions historiques sont unanimes.

S’agissant tout d’abord du cousinage entre diolas et sérères, les historiens l’associent à la légende d’Aguène et Diambogne. En effet, ces derniers seraient deux frères qui auraient voyagé ensemble à pirogue. Arrivée aux environs de Sangomar (île située dans la région de Fatick), la pirogue aurait chaviré et les deux frères se seraient perdus de vue. Diambogne se serait dirigé vers les îles du Saloum et Aguène vers le sud du pays. Et d’après cette même légende, Diambogne serait l’ancêtre des sérères et Aguène celui des Diolas. C’est en référence à cette histoire que le cousinage entre sérères et diolas serait né.

Pour ce qui est ensuite du cousinage entre sérères et Peuls, il est rattaché historiquement à la migration que les deux ethnies auraient effectuée ensemble de l’Egypte jusqu’à la vallée du fleuve Sénégal. En effet, selon certaines versions, après avoir quitté l’Egypte, Sérères et Poulars auraient atterri à la vallée du fleuve Sénégal où ils auraient vécu pendant une certaine durée avant que les sérères ne prolongèrent leur voyage vers l’intérieur du pays. C’est de cette cohabitation que serait né le cousinage entre Poulars et sérères.

Description

Le cousinage à plaisanterie est multiforme chez les sérères. Il peut concerner deux ethnies, deux patronymes, deux villages ou deux lignées maternelles. Mais, ce qu’il faudrait préciser, c’est que les manifestations de chaque forme de cousinage sont différentes de celles des autres.

Pour ce qui est du cousinage entre ethnies, généralement il tourne autour de l’esclavage. Chacun se dit être le roi de l’autre et l’appelle de manière ironique « mon esclave ». Le sérère dit que le diola et le Poular sont ses esclaves et vice versa. Chacun considère qu’il peut tout faire à l’autre sans problème. Ce cousinage entre ethnies se manifeste aussi par une sorte de tolérance. En guise d’illustration, certains soutiennent qu’un sérère n’est jamais tué ni même capturé par les rebelles de la Casamance (généralement des diolas).

Le cousinage entre villages se manifeste par des insultes que les habitants de villages cousins s’autorisent entre eux. En général, c’est des insultes très légères qui ne choquent personne car les populations de ces villages sont dès le bas âge informées de ces liens de cousinage. Au-delà de ces insultes, le cousinage entre villages se manifeste aussi par une solidarité entre habitants qui s’accordent des faveurs et se soutiennent mutuellement en cas de besoin. Par exemple, lorsqu’un malheur s’abattait sur un village (comme un incendie), les habitants des villages cousins étaient les premiers à les venir en aide. Egalement, lors des manifestations festives comme les séances de lutte, les habitants des villages cousins pouvaient assister gratuitement à l’évènement.

Aujourd’hui, ce cousinage tend à disparaitre car les jeunes ne sont plus préparés à cela. En effet, selon certaines versions, c’est à l’occasion du « ndout » (initiation) que l’on informait les jeunes de ce cousinage. Et, étant donné que les cérémonies de « ndout » deviennent de plus en plus rares, les jeunes dans leur grande majorité ignorent l’existence de ces liens. S’agissant du cousinage entre patronymes, les railleries vont dans un autre sens. Généralement, les patronymes cousins se traitent de « gourmand » entre eux. Ainsi dans la société sérère, les noms Diouf, Faye, Nging, Sène, Ngom sont des cousins. Il en est de même des noms Ndour et Bop et Ndiaye et Sarr.

Pour ce qui est enfin du cousinage entre lignée maternelle, il autorise les membres de deux lignées différentes de se traiter de sorciers. Il en est ainsi des lignées Thioka, Tabor, Thioffane et caré-caré.

Croquis (le cas échéant)

De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement

État sanitaire

Très bon, bon, passable, mauvais.
Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique)

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial

" Un habitant de Ndiaye Ndiaye, quelque soit le différend qui l'oppose à un habitant de Poukham n'ira jamais en justice car les deux villages ont un pacte de cousinage qui date de longtemps." Babacar Faye de Ndéflengue FM

" Un habitant de Ndiaye Ndiaye peut débarquer en plein nuit à Poukham et y être hébergé" Babacar Faye de Ndéflengue FM

" Certains villages, pour pérenniser ce lien de cousinage, crée des associations pour poser ensemble des actes de développement." Babacar Faye de Ndéflengue FM

" Le cousiange entre sérères et Diola risque de subir les méfaits de la lutte. Aujourd'hui dans lutte à chaque fois qu'un combat de lutte oppose un sérère avec un diola, on a tendance à penser que ce sont les deux ethnies qui s'affrontent. Cet adversité risque de nuire à ce magnifique pacte." Babacar Faye Ndéflengue FM

" Dans les villages sérères lorsqu'un Diola y vit, il est considéré comme un habitant à part entière." Babacar Faye Ndéflengue FM

Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Utilisation de l’espace, gestes associés

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Propriété publique, propriété privée, classé monument historique, à classer, représentation (lieu de mémoire ou non)

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de 
conservation, n° éventuel, année, pages ... à … Dans le cas d’un témoignage oral : NOM et Prénom de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré

Tradition orale

FAYE Babacar, Habitant de Ndiaye-Ndiaye, journaliste à Ndéflengue FM

Sources écrites

Archives, édition de textes

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis