IVRAF FA 0145 : Les rites de mariage chez les sérères : Différence entre versions

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« Il peut arriver qu’un homme décide de ne pas passer par ces cérémonies. Mais dans cas, sa femme ne sera initiée et ne participera pas à toute activité qui mettra en exécution les femmes initiées. Sa femme aura d’énormes difficultés pour s’intégrer et même ses fils pourront en pâtir car dans certains villages sérères cette règle est observée à la rigueur. » '''Babacar Faye
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===Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial===
 
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Version du 25 septembre 2013 à 16:46

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

Les rites de mariage chez les sérères

Date d'enquête

18/07/2013

Nom et prénom de l'enquêteur

Badé SECK

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Mariage

Appellations successives

Mariage, ngoulok en sérère

Type de patrimoine

Patrimoine immatériel

Thématique

Localisation

Commune

Fatick

Lieu-dit/quartier/autre

Ndiaye-Ndiaye

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude :
Longitude :

Historique et description

Acteur(s)

Aïeuls des sérères

Date/période de réalisation

Non déterminée

Historique

Historiquement, l’apparition du mariage dans la société sérère est très difficile à dater. Pour beaucoup d’historiens interrogés sur la question, le mariage sérère remonterait bien avant l’islamisation du Sine. Ce qu’il faudrait juste retenir, c’est que le mariage a toujours été érigé en institution chez les sérères de sorte que sa célébration est devenue au fil du temps une partie intégrante du contrat social sérère.

Pour le sérère, le mariage revêt plusieurs significations : D’abord, le mariage est perçu dans la société sérère comme un moyen de légitimation de la procréation. S’il en est ainsi, c’est parce que, dans la culture sérère, la procréation n’est socialement admise que si elle intervient dans les liens du mariage. En effet, comme dans plusieurs traditions négro-africaines, les sérères admettent difficilement la naissance d’un enfant en dehors d’un lien matrimonial.

Ensuite, dans un contexte où prédominaient principalement les activités agricoles et pastorales, il fallait se marier, avoir des enfants et se garantir ainsi une main d’œuvre dans les champs. De plus, le mariage était également un acte à travers lequel, l’individu se réalisait socialement. En effet, après la circoncision (chez les hommes) et l’initiation (chez les hommes et les femmes), le mariage restait l’ultime étape qui permettait à l’individu d’accéder totalement au monde des adultes. C’est la raison pour laquelle, dans la culture sérère, le mariage était d’abord une convention sociale avant d’être un engagement individuel. L’individu se mariait pour être en phase avec sa tradition mais aussi et surtout pour pérenniser le nom de sa famille et celui de sa lignée d’une façon générale.

En raison de ce caractère social, le mariage était soumis à un ensemble de règles dont la teneur variait en fonction du village et de la famille des mariés. Ces règles qui ceinturaient rigoureusement les liens matrimoniaux avaient pour principal objectif de protéger l’institution du mariage de la malveillance et des caprices des uns et des autres. Ainsi dans chaque village Sérère prévalait un corpus de règles coutumières qui faisait office de droit matrimonial et dont la stricte application était garantie par les institutions sociales d’alors.

C’est dans ce sens qu’il faudrait comprendre l’importance et la place des parents dans la célébration du mariage Sérère. En effet, les parents des deux mariés étaient au début et à la fin du mariage. Même le choix du futur conjoint (ou conjointe) était généralement de la prérogative des parents eux même et non du concerné. Ce choix était fait sur la base d’un certain nombre critères :

Le premier critère était lié au rang social de la famille de la fille. En effet, la question des castes, de la noblesse et même de l’ethnie étant extrêmement importante à l’époque, l’endogamie était la forme de mariage la plus répandue dans la société sérère. Les mariages se célébraient ainsi entre cousins et membres d’une même famille ou d’une même caste. C’est pour ces mêmes raisons que le mariage d’étrangers était rarement admis. En effet, les rares étrangers qui parvenaient à se marier dans leurs villages d’accueils étaient ceux qui y faisaient preuve d’une parfaite intégration et qui à force d’y résider finissaient par gagner la confiance des habitants du village.

En plus de ce critère du rang social, les parents passaient au crible le comportement du futur partenaire de leur enfant afin de vérifier s’il avait toutes les qualités requises pour un ménage paisible et viable. Ainsi pour ce qui est de la fille, les parents du garçon vérifiaient si elle disposait de toutes les qualités dignes d’une bonne mère de famille c'est-à-dire être sociable, généreuse et être toujours prête à servir son mari. Etant dans une société structurée sur des valeurs, la virginité de la jeune fille était aussi un élément particulièrement important pour la stabilité du lien matrimonial. C’est pourquoi, les parents choisissaient généralement des filles dont le comportement pouvait logiquement permettre de présumer de leur virginité. Une fois leur choix porté sur une des filles du village ou des environs, ce sont les parents eux même qui se chargeaient d’aller demander la main de la fille.

Quant à la famille de la fille, elle ne donnait son consentement qu’après avoir vérifié si l’homme répondait à un certain nombre de valeurs. En effet, pour pouvoir légitimement prétendre épouser une fille dans la culture sérère, l’homme devait être courageux, responsable, travailleur et apte à gérer une famille.

Une fois ces préalables posés, une date était retenue pour la célébration du mariage. La célébration du mariage en pays est un moment de fête marqué par des cérémonies et rites qui font toute sa particularité. Cependant, il faudrait noter que cette célébration au fil du temps, a connu des modifications très profondes et tend de plus en plus à être modernisée.

Description

Le mariage en pays sérère se particularise par son déroulement, ses activités festives, ses rites traditionnels et l’élan de communion sociale qu’il suscite tout au long de sa célébration. La célébration du mariage sérère est généralement une manifestation de grande envergure qui met à contribution toutes les classes d’âges et toutes les couches sociales du village (griots, cordonniers, bijoutiers, cultivateurs, pêcheurs etc.).

Traditionnellement, le mariage sérère se célébrait à la place publique du village (Nguel maak) par les notables du village. A cette occasion, notables et hommes en âge de se marier se regroupaient sous un arbre à palabre en présence des représentants des deux familles notamment les oncles maternels des futurs mariés. Cette cérémonie dénommée « Thit » en pays sérère, se déroulait généralement en l’absence du mari pour des raisons mystiques. En effet, d’après certaines versions, le mari qui s’aventurait à assister à cette cérémonie pourrait s’exposer à des attaques mystiques de la part de ses potentiels rivaux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le jour du « Thit», le mari se retirait quelque part où il ne serait pas localisable pour être hors de portée de toute attaque mystique.

C’est à l’occasion de cette cérémonie que la famille du mari versait la dot à celle de la fille. A l’époque cette dot, fixée de manière symbolique, était constituée de denrées alimentaires, de noix de cola, de feuilles de tabac ou même parfois d’un bœuf. Aujourd’hui avec la forte présence des religions révélées dans le sine, cette cérémonie du « Thit» a pris une autre forme. Chez les musulmans, c’est désormais l’imam qui célèbre le mariage moyennant une dot fixé par la charia. Quant aux chrétiens….. Une fois le « Thit» effectué, la famille du marié fixait une date pour la célébration du mariage proprement dite.

Le mariage en pays sérère est célébré en grande pompe et dure généralement quatre à six jours avec des activités culturelles programmées tout au long de cette période. A Ndiaye Ndiaye, par exemple, la célébration du mariage dure une semaine. En effet, dans ce quartier de Fatick, les activités marquant la célébration du mariage débutent le Mercredi et ne prennent fin que le Mardi avec une programmation répartie comme suit :

Le mercredi matin marque le début des cérémonies de préparation du mariage avec une activité dénommée « éède» qui signifie en sérère « la pesée ». Comme son nom l’indique, c’est durant cette cérémonie que, les femmes initiées du village déterminent le nombre de kilos de mil qui sera utilisé lors de l’initiation de la mariée. Cette cérémonie revêt un caractère secret car seules les femmes initiées y sont admises. De plus, le nombre de kilos de mil, déterminé à l’aide d’une calebasse et non d’une balance, n’est connu que par les femmes qui ont assisté au « éède».

Le jeudi est l’un des jours les plus déterminants. En effet, c’est ce jour vers 22 heures que la mariée quitte sa maison pour aller s’installer dans son domicile conjugal. Mais, auparavant une cérémonie dénommée « Ass » est tenue à la maison de la mariée. Cette cérémonie destinée à préparer psychologiquement la mariée, est un moment riche en enseignement et en émotions. Le « Ass » s’ouvre avec les prières du père de la mariée qui, à l’occasion en profite pour faire un témoignage à l’endroit de sa fille. A la suite, les notables, les proches parents, les amis de la famille, les voisins, les vielles femmes prennent tour à tour la parole pour motiver la mariée, lui prévenir des difficultés qui l’attendent et surtout lui enjoindre de tout faire pour satisfaire son mari. En général, ce sont des discours poignants et empreints d’émotions qui sont servis à la mariée qui à l’occasion est drapée d’un long pagne blanc qui couvre pratiquement tout son corps. Aux termes de cette série de discours, un autre préalable est observée avant que la mariée ne quitte la maison. Celui-ci consiste à donner une somme d’argent aux « thiamigne » (frères et demis frères de la mariée) qui en général le réclament vivement sous peine de ne pas livrer la mariée. Une fois les « thiamigne » satisfaits, la mariée est dirigée vers son domicile conjugal. Avant de rejoindre son domicile conjugal, il est de coutume dans les villages sérères que la mariée fasse trois fois le tour d’un arbre mystique (à Ndiaye Ndiaye cet arbre est un benténier situé dans le quartier).

Une fois chez son mari, une autre cérémonie dénommée « maagne » a lieu juste devant la porte de la maison du marié. Celle-ci est animée par femmes initiées du quartier qui, chantant et dansant sous le rythme des tambours, versent à tour de rôle du mil sur la tête de la mariée. Le mil, en référence à sa valeur symbolique qui renvoie à la prospérité, est utilisé lors de cette cérémonie pour leur souhaiter un mariage prospère.

A la fin du « maagne » débute l’initiation de la mariée. Ici, il faut préciser que dans la tradition sérère, l’initiation est considérée comme une expérience fondamentale sur laquelle repose la survie des valeurs sociétales. C’est la raison pour laquelle, en pays sérère, aussi bien l’homme que la femme sont astreints à cette initiation. L’initiation chez la femme se fait donc en général lors de ses cérémonies de mariage. A cette occasion, des règles de bienséance et de conduite sociales sont inculquées à la mariée qui, au sortir de la cérémonie devrait normalement être armée pour affronter la vie conjugale. Pour ce faire, juste après le « maagne », la mariée est isolée dans un endroit aménagé dans la maison pour les besoins de l’initiation. Cette cérémonie dirigée par les femmes initiées sous l’égide de la « maad ngoulok » (titre conféré par les femmes à l’une d’entre elles qui les dirigent), dure généralement jusqu’à l’aube.

Le vendredi, la mariée est de nouveau isolée dans une chambre de la maison autre que celle de son époux. Elle y reste durant toute la journée et n’y sort que pour aller aux toilettes. Cette chambre est réservée exclusivement aux femmes initiées et même le mari n’a pas droit d’y accéder.

C’est le samedi qu’à lieu généralement la nuit de noce qui est l’un des moments phares de ces cérémonies de mariage. En effet, dans une société fortement ancrée aux valeurs traditionnelles, cette nuit a une portée symbolique très importante car permettant au mari de vérifier la virginité de sa femme. Le lendemain, si la femme est vierge, la nouvelle est annoncée dès l’aube par des sons de tambours. Le drap, tacheté de sang, est montré dans tout le village en guise de preuve. Après la nuit de noce, la mariée regagne la chambre réservée aux femmes initiées où elle reste toute la journée du dimanche.

Le lundi a lieu une cérémonie symbolique dénommée lavage d’habits. A Ndiaye ndiaye, le lavage d’habits est effectué au puits « thiossane » situé à quelques encablures du quartier. A cette occasion, quelques habits sales de la maison du mari sont lavés par la mariée assistée par toutes les femmes initiées du quartier. C’est au terme de cette cérémonie de lavage d’habits que prend fin l’initiation. La femme aura ainsi le droit de se dévoiler au grand public. Pour ce faire, la fin du lavage est marquée par une fête rythmée par des chants et battements de tambours. Aux sons de ces tambours les habitants du quartier se ruent massivement au puits « thiossane » pour accompagner la mariée qui, bien habillée pour l’occasion, regagne son domicile conjugal. S’il s’agit d’une étrangère, la mobilisation est beaucoup plus grande car c’est l’occasion pour les curieux de découvrir enfin son visage.

Le mardi matin, la mariée débute officiellement ses tâches ménagères. Ainsi, elle est accompagnée par les femmes initiées marché où légumes, condiments et denrées diverses lui sont offerts par les vendeurs. De retour à la maison elle prépare son premier déjeuner auquel vont gouter les habitants du quartier. Après ce déjeuner, les femmes initiées se regroupent de nouveau dans la chambre de la mariée pour une séance de révision des règles apprises à celle-ci lors de l’initiation. C’est à la suite de cette séance que prennent les cérémonies de mariage. La mariée prend ainsi ses quartiers dans sa nouvelle demeure pour le meilleur et pour le pire.

Croquis (le cas échéant)

De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement

État sanitaire

Très bon, bon, passable, mauvais.
Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique)

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

« Il peut arriver qu’un homme décide de ne pas passer par ces cérémonies. Mais dans cas, sa femme ne sera initiée et ne participera pas à toute activité qui mettra en exécution les femmes initiées. Sa femme aura d’énormes difficultés pour s’intégrer et même ses fils pourront en pâtir car dans certains villages sérères cette règle est observée à la rigueur. » Babacar Faye

Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Utilisation de l’espace, gestes associés

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Propriété publique, propriété privée, classé monument historique, à classer, représentation (lieu de mémoire ou non)

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de 
conservation, n° éventuel, année, pages ... à … Dans le cas d’un témoignage oral : NOM et Prénom de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré

Tradition orale

Indiquer le vecteur de transmission (griot, historien…)

Sources écrites

Archives, édition de textes

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis