IVRAF FA 0144 : La circoncision traditionnelle en pays sérère : Différence entre versions

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Version du 6 janvier 2014 à 23:38

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FA_0144

Date d'enquête

18/07/2013

Nom et prénom de l'enquêteur

Badé SECK

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Circoncision

Appellations successives

La circoncision traditionnelle en pays sérère

Type de patrimoine

Patrimoine immatériel

Thématique

Localisation

Commune

Lieu-dit/quartier/autre

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude :
Longitude :

Historique et description

Acteur(s)

Badé Seck

Date/période de réalisation

Non déterminée

Historique

Comme dans plusieurs cultures négro-africaines, la circoncision occupe une place fondamentale chez les sérères. Toutefois, si la circoncision est une pratique majoritairement observée dans les sociétés négro-africaines, ses finalités et son intérêt peuvent différer d’une culture à une autre. Dans la société sérère, la circoncision revêtait un intérêt capital.

D’abord, la circoncision était l’acte par lequel, l’enfant était admis définitivement dans le monde des adultes et accédait par conséquent à la jouissance de certains droits dont celui de fonder une famille. Au sortir de cette expérience, l’enfant était suffisamment armé de principes et de valeurs pour pouvoir affronter les obstacles et aléas de la vie.

Ensuite, eu égard à l’importance des générations dans la société sérère, la circoncision était un moyen de classification générationnelle. En effet, dans la société sérère on estimait que les enfants issus de la même séance de circoncision (« ndout » en sérère) étaient de la même génération. Ces enfants devaient se considérer comme des frères de sang et se soutenir mutuellement dans la vie. Il y avait ainsi une sorte de pacte tacite qui astreignait les enfants d’une même génération à la solidarité.

Du temps de la royauté, les séances de circoncision se faisaient de manière harmonisée et se déroulaient pendant la même période dans tout le Sine. C’est le roi qui, tous les quinze ans donnait l’ordre à tous les villages du Sine de circoncire leurs enfants. Tous les villages étaient astreints à s’inscrire dans le créneau défini par le roi sous peine de sanctions. La circoncision se déroulait selon des modalités traditionnelles et avec des instruments archaïques notamment le couteau.

Mais, aujourd’hui la circoncision sérère a subit l’effet de la modernité au point de perdre une bonne partie de sa finalité originelle (inculcation de valeurs sociétales). Aujourd’hui, les méthodes traditionnelles de circoncision, en raison des risques sanitaires qu’elles comprennent, ont progressivement laissé la place à la médecine moderne. En effet, devant l’augmentation de certaines maladies sanguines comme le SIDA, l’abandon des méthodes traditionnelles de circoncision était devenu une question de santé publique (c’est avec le même couteau qu’on circoncisait tous les enfants). C’est la raison pour laquelle, la circoncision traditionnelle est pratiquement abandonnée dans tous les villages sérères au profit de la médecine moderne.

Dès lors, pour garder plus d’originalité, nous ne mettrons ici l’accent que sur la circoncision traditionnelle.

Description

Traditionnellement, c’est le roi qui, tous les quinze ans, donnait l’autorisation de circoncire les enfants du Sine. A cet effet, chaque village s’organisait pour circoncire ses enfants pré pubères. Ainsi, chaque famille choisissait les enfants qui devaient entrer dans la « case des hommes » (monde des adultes). Après avoir été choisi, chaque enfant faisait le tour de ses proches (dans son village et/ou ses environs) afin qu’ils l’appuient en biens et en denrées alimentaires car la circoncision était très couteuse pour les familles. Chaque famille préparait aussi mystiquement son enfant afin de le prémunir du mauvais sort car la circoncision était très mystique à l’époque (on y craignait la sorcellerie).

La circoncision en pays sérère était organisée autour d’un organigramme dans lequel chacun avait un rôle décisif à jouer. Ainsi, au sommet de cette hiérarchie, il y avait le « Koumakh » qui était l’autorité morale et mystique du « ndout » (initiation). Le « koumakh était assisté d’un « kalma » (adjoint du koumakh) et de nombreux « selbés » (surveillants des circoncis).

Une fois ces préalables posés, débutait alors le « wong » (danse des circoncis) qui était le premier acte posé en direction de la circoncision. Le « wong » est une fête que l’on organisait à la place publique du village en l’honneur des futurs circoncis. Il durait généralement deux à trois jours. A cette occasion, chaque famille égorgeait un bœuf et préparait des mets pour ses invités et proches venus nombreux des villages environnants. C’était des moments de fête et de communion à l’occasion desquels tout le monde mangeait et buvait à volonté. Après avoir dégusté les plats, tout le monde se dirigeait vers la place publique du village pour la célébration du « wong ».

Les enfants étaient rassemblés par les « selbés » sous la direction du « koumakh ». Les enfants, drapés chacun d’un pagne sérère orné de gris-gris et de perles dansaient au milieu de la foule au rythme d’airs que les griots ne chantaient qu’à l’occasion des cérémonies de circoncision. Le « wong » était un moment d’émotion extrême surtout pour les parents des circoncis dont les plus émotifs d’entre eux en versaient même de chaudes larmes (à l’époque il était fréquent de voir un enfant mourir lors de l’initiation).

Le « wong » était aussi l’occasion pour le « koumakh » de rassurer les familles qu’il protégerait mystiquement les enfants et qu’il les ramènerait sains et saufs. C’est la raison pour laquelle le « koumakh » était en général une personne dotée d’une puissance mystique hors du commun. Une fois le « wong » terminé, les enfants étaient amenés par les selbés chez le « Ngamane » pour la circoncision en tant que telle. Le « Ngamane » est le titre conféré à celui qui, dans un village se chargeait de circoncire les enfants. Généralement, c’est un titre qui s’héritait par lignée paternelle.

L’opération de circoncision se déroulait ainsi : l’enfant, assisté d’un de ses cousins, s’asseyait sur un pagne. Le « Ngamane » arrivait avec son couteau, posait le sexe de l’enfant sur un tronc d’arbre avant de couper le prépuce. Ensuite, pour arrêter l’hémorragie, le « Ngamane » usait d’astuces traditionnelles notamment des feuilles de tabac dont la propriété était d’aspirer le sang. Une fois l’hémorragie stoppé, il recouvrait la plaie à l’aide d’un tissu propre. Enfin, pour éviter que l’enfant ne se blesse en marchant, son sexe était fixé par un dispositif intelligent que le « Ngamane » confectionné à l’aide de deux cordelettes appelées le « tengré » et le « samane ».

Une fois, la circoncision terminée, les enfants, accompagnés du « koumakh » et des « selbés » rejoignaient la brousse pour une initiation qui selon les villages durait un à trois mois. Lors de l’initiation, tous les enfants étaient vêtus d’un accoutrement uniforme spécialement conçu pour la circonstance.

Cette initiation avait pour objectif d’inculquer à l’enfant les valeurs de la culture sérère. L’enfant, grâce aux règles de conduite sociale qu’il y recevait sortait de l’initiation sous l’étoffe d’un adulte apte à diriger une famille et même une communauté toute entière (Voire fiche sur le ndout).

A l’approche de la guérison, le « koumakh » en informait les familles pour qu’elles se préparent en conséquence.

La veille de leur retour, les enfants passaient la nuit à danser et à chanter avant de rejoindre le village dès l’aube. A Ndiaye-Ndiaye (quartier de Fatick), les circoncis se lavaient d’abord au bras de mer « Mame mindiss » (bras de mer qui abrite également un pangol du même nom) avant de rentrer.

Le jour du retour des circoncis était un grand moment de fête et de réjouissance. A leur arrivée, les enfants se dirigeaient directement chez le « koumakh » pour y recevoir des bains mystiques. Après cela, leurs familles les rejoignaient avec des habits propres que les enfants échangeaient ainsi contre les accoutrements qu’ils portaient depuis le début de la circoncision. Vêtus de ces nouveaux habits, les enfants faisaient le tour du village pour saluer les habitants avant que chacun ne rentre chez lui où une fête grandiose est organisée en son honneur.

La circoncision prend ainsi fin. L’enfant en ressort grandi et admis définitivement dans le monde des adultes.

Croquis (le cas échéant)

De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement

État sanitaire

Très bon, bon, passable, mauvais.
Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique)

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Utilisation de l’espace, gestes associés

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Propriété publique, propriété privée, classé monument historique, à classer, représentation (lieu de mémoire ou non)

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de 
conservation, n° éventuel, année, pages ... à … Dans le cas d’un témoignage oral : NOM et Prénom de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré

Tradition orale

Indiquer le vecteur de transmission (griot, historien…)

Sources écrites

Archives, édition de textes

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis