IVRAF FA 0044 : Village de Mbimor : Différence entre versions

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Version du 23 juin 2013 à 21:10

Le village de Mbimor

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FA_0044

Date d'enquête

30/10/2012

Nom et prénom de l'enquêteur

FAYE Selbé

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Hameau

Appellations successives

Mbimor

Type de patrimoine

Patrimoine matériel

Thématique

Royauté

Localisation

Département

Fatick

Communauté rurale

Thiaré Ndialgui

Village

Ndoffane

Hameau

Mbimor

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude : 14°27'39.89 Nord

Longitude : 16°18'54.82 Ouest

Historique et description

Acteur(s)

Silmang Marone, 6eme roi du Sine au XIIIe siècle et Waaly Bandia Bâ, XXe siècle

Date/période de réalisation

XIIIe et XXe siècle

Historique

Le village de Mbimor fut la septième capitale du Sine avec le roi Silmang Marone venu de Koular dans l’actuelle région de Kaolack. Mbimor vient du mot sérère « pimb » signifiant élévation. Cette élévation constitue le plateau continental où Silmang avait élu domicile sous les conseils de son père. Le roi Silmang était issu d’une liaison entre son père venu du Gaabou (l’actuelle Guinée Bissau) et une Guelwar (dynastie noble royale) de Koular. Son père avait décidé de quitter Koular pour retourner dans son Gaabou natal. Il avait alors demandé à la guelwar qu’après son accouchement d’appeler son enfant par son propre prénom Silmang. Le père du jeune Silmang portait alors le même prénom que son fils. Il avait également légué un tambour à son futur enfant . C’est de là que sont issus les djoundjoungs (tambours royaux du Sine) et ce fut Silmang Marone le premier roi à en bénéficier. Fils de guelwar par sa mère, Silmang pouvait alors accéder au trône. Quand il avait été intronisé, Silmang avait fait de Mbimor sa capitale et fut le sixième maad a Sinig (roi du Sine). Dès son installation en tant que Maad a Sinig, Silmang s’était rendu au Gaabou chez son père afin que celui-ci lui procure des protections mystiques pour lui et son royaume. Ce que le père fit avec la plus grande générosité, d’où la richesse exceptionnelle de Mbimor au temps de Silmang.

Cependant, l’ingratitude de Silmang envers son père avait entraîné la pauvreté de Mbimor. Cette pauvreté avait été perpétrée de façon mystérieuse par le père du roi Silmang afin de lui faire payer son manque de reconnaissance. Une telle austérité avait conduit beaucoup d’habitants à quitter le village. De plus, à la fin du règne de Silmang, tout le monde avait déserté Mbimor qui était alors devenu un village fantôme.

Par ailleurs, le village connut une autre construction au XXe siècle. Venu de Ndiob (village à quelques kilomètres de Diakhao), c’est alors un peulh (dialecte et ethnie du Sénégal), au nom de Waly Bandia Bâ qui sera à l’origine de la « renaissance » de Mbimor. Waly Bandia recréa le village de Mbimor en 1919 et décida de garder le patronyme que Silmang lui avait donné. Il avait alors construit sa maison à côté du Fangool (génie religieux sérère) du roi Silmang, sans doute pour bénéficier d’une protection mystique de celui qui fut le sixième maad a Sinig.

En 1919, lors de la nouvelle création de Mbimor, Coumba Ndoffène Fandeb Diouf régnait au Sine (actuelle région de Fatick) et ce fut lui qui légua à Waly Bandia les terres de Mbimor.

Trois ans après l’installation, Waly avait été rejoint par deux autres peulhs (ethnie du Sénégal), Ambel Bâ et Denglé Bâ. En 1924, les trois familles peulhs installées à côté du Fangool du roi Silmang juste en face du bras de mer avaient alors décidé de quitter leurs maisons pour aller s’installer à l’actuel centre du hameau, juste à côté de la mosquée. Mbimor qui fut un village sérère au temps du roi Silmang, est aujourd’hui un hameau peulh.

Les peulhs de Mbimor sont tous issus de Ndiob, village non loin de Mbimor. Ils avaient un rôle important à jouer dans la royauté. En effet, ces peulhs avaient la charge de concocter le premier plat du roi lors de son intronisation. De ce fait, le respect entre la famille royale et les peulhs des villages de Mbimor et Ndiob était indéfectible. Ainsi est né un lien de cousinage à plaisanterie très solide entre sérères et peulhs. Les peulhs de Mbimor avaient un statut privilégié dans la royauté de sorte que, même en cas de litige, le roi trouvait toujours un moyen de leur donner raison.

Description

Mbimor est un hameau situé à l’est par le village de Diakhao, à l’ouest par le village de Ndos, au sud par les villages de Podom et Sroq et au nord par les villages de Diok et Ndiankanème. Le hameau fait partie du village de Ndoffane qui compte 534 habitants. Ndoffane est situé dans le département de Fatick. Il fait partie de la communauté rurale de Thiaré Ndialgui. Le hameau de Mbimor est habité par des peulhs à 100% et ils sont tous musulmans. L’habitat y est très dispersé du fait que les peulhs sont de grands éleveurs et ont alors besoin de beaucoup d’espace. L’habitat est composé majoritairement de cases en toiture de paille. Mbimor compte uniquement sept maisons et une centaine d’habitants. En terme de services, le hameau ne dispose que d’une mosquée mais le village de Ndoffane lui a une école primaire de cinq classes. Les principales activités sont l’agriculture et l’élevage. Ni le village de Ndoffane ni le hameau de Mbimor ne bénéficient d’eau courante et de raccordement électrique. C’est le hameau de Mbimor qui a donné naissance au village de Ndoffane car celui-ci ne date que de 1928.

Lieux associés (autour de la même thématique)

Gaabou (le père du roi Simang y était originaire)

Koular (le roi Simang y était né)

Diakhao et Diaadiel (lieux concernés par la randonnée royale)

Ndiob (les peulhs de Mbimor y sont originaire)

Ndoffane no Maad (la famille responsable du rituel de libation de Mbimor y habite)

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Le père de Silmang aurait su qu’il allait avoir un fils roi.

Un roi qui ferait du mal à un peulh de Mbimor n’en sortirait pas indemne et vice versa. De ce fait, les travaux forcés que le roi imposait aux habitants ne concernaient pas les peulhs de Mbimor.

Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Le roi Silmang serait un pacifiste et un homme de droit, ce qui aurait été le vecteur de son intronisation en tant que maad a Sinig (roi du Sine).

Monsieur Amadou Ngaré Bâ nous apprend que le roi Mahécor avait légué des terres de Ndoffane (village dont dépend Mbimor) au marabout Mamadou Sylla. Ce dernier avait largement dépassé les limites de ce que lui avait offert Mahécor et avait étendu ses champs jusqu’à Mbimor. Les peulhs de Mbimor n’étant pas contents d’un tel acte, ils menacèrent de quitter la localité. Néanmoins quand Mahécor avait été mis au courant de la situation, il demanda au marabout de ne pas toucher aux terres des peulhs car ces derniers étaient sur leur territoire et qu’ils étaient intouchables.

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Fonction initiale : capitale royale, lieu d'habitation

Utilisation actuelle : lieu d’habitation, lieu de mémoire

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Statut : hameau du village de Ndoffane, communauté rurale de Thiaré Ndialgui

Signification actuelle : : Mbimor est d’une valeur patrimoniale importante du fait du rôle qu’il a joué dans la royauté, son roi avait été à l’origine de l’utilisation des djoundjoungs comme moyen de communication et de divertissement. Le roi Silmang Marone était aussi l’instigateur du Soosso no maad, randonnée rituelle du roi.

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Tradition orale

BA Amadou Ngaré, notable, Mbimor

DIOUF Khady, fille de l’ancien roi Mahécor, Diakhao

DIOUF Mahécor, conservateur et chargé de communication de la maison royale

DIOP Malick , cultivateur, Ndoffane no Maad

NIANE Birame, responsable rituel de libation de Mbimor, Ndoffane no Maad

SEYE Bassirou, chef du village de Ndoffane

Sources écrites

GRAVRAND Henri, La civilisation sereer : Coosan, Abbeville, Les Nouvelles Editions Africaines, 1981, 361p.

Illustrations

Photographies actuelles

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

Dessins/croquis