IVRAF FA 0019 : Tomaké ou les Pilons (rituel) : Différence entre versions

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IVRF_FA_0019
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IVRAF_FA_0019
  
 
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Tomaké
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Tomaké (les pilons)
  
 
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La royauté
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Royauté
  
 
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Quartier Thiossane
  
 
===Références cadastrales (le cas échéant)===
 
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===Géolocalisation===
 
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Latitude : 14°08'39.33 Nord
 
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Longitude : 16°44'43.17 Ouest
  
 
=='''''Historique et description'''''==
 
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===Date/période de réalisation===
 
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XIVe siècle
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XIIe siècle
  
 
===Historique===
 
===Historique===
  
Dès qu’il avait pris le pouvoir à Mbissel au XIVe siècle, Maïssa Waly avait d’abord commencé par l’installation de structures protectrices du village et de ses habitants. Ces structures se matérialisaient par plusieurs Pangool (Génies religieux sérères). Il mit alors en place «Tomaké» (les pilons) : il enfonça trois pilons verticalement sous terre jusqu’à ce que l’on n’en aperçoive que les bouts. Il demanda ensuite à toutes les femmes du village, à chaque fois qu’elles casseraient un pilon, de venir en déposer les morceaux autour des trois pilons initiaux. Les pilons devaient alors former un cercle.
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Dès qu’il prit le pouvoir à Mbissel au XIIe siècle, Maïssa Waly avait d’abord commencé par l’installation de structures protectrices du village et de ses habitants. Ces structures se matérialisaient par plusieurs Pangool (Génies religieux sérère). Il mit alors en place le Fangool (singumier de Pangool) «Tomaké» (les pilons).  
  
Très attaché à sa lignée maternelle, c’est à une parente de sa famille maternelle que Maïssa Waly confia le pouvoir de faire les rituels de protection nécessaires au site « Tomaké ». Depuis lors, l’héritage du rituel lié au « Tomaké » se fait en lignée maternelle et seules les femmes ont le droit de l’effectuer. Aujourd’hui à Mbissel, c’est à Tabour NDOUR que revient le droit de Tiour (rituel de libation). Elle occupe donc la fonction de Satiour (responsable du rituel de libation) du Fangool Tomaké.
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Ce fut donc trois pilons qu’il enfonça verticalement sous terre jusqu’à ce que l’on n’aperçoit que les bouts. Il demanda alors à toutes les femmes du village, une fois qu’elles casseraient un pilon de venir le déposer au site du Fangool Tomaké. Les pilons devraient alors former un cercle.
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Dès lors, Maïssa Waly confia le droit de tiour (rituel de libation) à une parente de sa famille maternelle. En effet, l’héritage du rituel lié au « Tomaké » se fait de lignée maternelle et seules les femmes ont le droit de l’effectuer. Aujourd’hui à Mbissel, c’est à Tabou NDOUR que revient le droit de Tiour (rituel de libation). Elle occupe donc la fonction de Satiour (responsable du rituel de libation) du Fangool Tomaké.
  
 
===Description===
 
===Description===
  
Tomaké est un Fangool (génie religieux sérère) installé dans un terrain d’environ cent mètres carrés. Au milieu du terrain, se dessine un cercle formé par des pilons d'où le nom du Fangool. Tomaké est le laboratoire médical du village de Mbissel : en effet, il permet de faire le diagnostic de personnes malades et dont on n’arrive pas à identifier la maladie. De plus, le rituel de diagnostic permet d’identifier la personne qui pourrait guérir le patient. Le rituel est le suivant : la Satiour vient avec une calebasse remplie d’eau et de coton et un fagot de bois. Le coton et le fagot tournent autour de la calebasse jusqu’à leur arrêt qui va marquer la détection de la maladie du patient.
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Tomaké est un Fangool (génie religieux sérère) installé dans un terrain d’environ cent mètres carrés situé au quartier Thiossane de Mbissel. Au milieu de ce terrain, se dessine un cercle formé par des pilons d'où le nom du Fangool. Tomaké est le laboratoire médical du village de Mbissel. En effet, il permet de faire le diagnostic de maladies dont on n’arrive pas à déceler. De plus, après avoir identifié la maladie, la Satiour oriente le patient vers la personne qui pourrait le guérir.
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Pour effectuer un tel rituel, la Satiour vient avec une calebasse remplie d’eau dans laquelle elle met du coton et quelques bâtonnets. De façon mystique, le coton et les bâtonnets tournent autour de la calebasse jusqu’à leur arrêt. Ainsi, la Satiour observe alors la calebasse et parvient à détecter la maladie du patient.
 
   
 
   
Par ailleurs, la Satiour effectue des libations pour des enfants ayant des malformations au niveau du cou. Dans ce cas de figure, la Satiour utilise du lait caillé qu’elle verse aux différents pilons en guise de libation.
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Par ailleurs, le rituel du Fangool Tomaké est obligatoire pour toute personne ayant tué un chat ou un chien et pour toute femme ayant cassé un pilon. De ce fait, la Satiour utilise du lait caillé qu’elle verse aux différents pilons en guise de libations afin de préserver ces personnes.
 
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Le Fangool Tomaké, grâce à un rituel de libation fait par la Satiour, aurait également le pouvoir de sauver la progéniture de personnes qui auraient tué un chat ou un chien. Quand elles sont en âge de procréer, ces personnes verraient en effet leurs enfants mourir en bas âge. Il faudrait alors les amener faire le Tiour du Fangool Tomaké de Mbissel pour éviter un tel drame. Dans cette situation, c’est encore du lait caillé qui est versé au lieu du Fangool.
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===Croquis (le cas échéant)===
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''De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement''
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Valeur patrimoniale : Rituel de libations effectué jusqu’aujourd’hui, la population y voit un héritage important lié à la fondation du village.
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===Lieux associés (autour de la même thématique)===
 
===Lieux associés (autour de la même thématique)===
  
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Gaabou (Maïssa Waly y est originaire), Fadiouth et Diakhanor (fondés par Maïssa Waly), Dionewar et Niodior (Où Maïssa Waly  a séjourné avant de s’installer à Mbissel)
  
 
=='''''Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial'''''==
 
=='''''Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial'''''==
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===Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)===
 
===Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)===
  
Mythe du cou tordu : Toute femme ayant cassé un pilon verrait son enfant victime d’un cou tordu et c’est au Fangool Tomaké qu’il faudrait lui faire le Tiour pour qu’il en soit remis.
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Mythe du cou tordu : Toute femme ayant cassé un pilon verrait son enfant victime d’un cou tordu. Pour qu'il en soit remis, le rituel du Fangool Tomaké est nécessaire.
  
 
===Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial===
 
===Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial===
  
  
Selon M. Maliam Sagne, le roi Maïssa Waly Dione avait laissé des consignes de guérison de certaines maladies dont : mal de gorge, bosse sur le dos…  
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Selon M. Maliam Sagne, le roi Maïssa Waly Dione avait laissé des consignes de guérison de certaines maladies dont : mal de gorge, bosse sur le dos…
Par ailleurs, les gens viendraient de tout le Sénégal même de la sous-région pour bénéficier des pouvoirs du Fangool Tomaké.
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Par ailleurs, les gens viendraient de tout le Sénégal, même de la sous-région pour bénéficier des pouvoirs du Fangool Tomaké.
  
===Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial===
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===Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial===
  
 
Fonction initiale : lieu de libation
 
Fonction initiale : lieu de libation
  
Utilisation actuelle : lieu de libation
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Utilisations actuelles : lieu de libation, laboratoire médical traditionnel, lieu de mémoire
  
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===Signification actuelle de l'ensemble patrimonial===
  
===Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial===
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La population locale voit du Fangool (génie religieux) Tomaké un héritage important lié à la fondation du village.
 
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Propriété publique, propriété des habitants de Mbissel.
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===Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial===
 
===Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial===
 
Selon M. SAGNE, le terrain où se trouve Tomaké appartient à la famille de la Satiour et est interdit à la culture. Sa seule fonction est d’abriter le Fangool.
 
  
 
=='''''Sources'''''==
 
=='''''Sources'''''==
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===Tradition orale===
 
===Tradition orale===
  
M. FAYE Bernard, notable du village de Mbissel
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FAYE Bernard, notable du village de Mbissel
 
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M.SAGNE Maliam, chef du village de Mbissel
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SAGNE Maliam, chef du village de Mbissel
  
 
===Sources écrites===
 
===Sources écrites===
 
''Archives, édition de textes''
 
 
  
 
=='''''Illustrations'''''==
 
=='''''Illustrations'''''==
  
 
===Photographies actuelles===
 
===Photographies actuelles===
 
''Sous plusieurs angles, si justifié''
 
  
 
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Fichier:Nom de l'image.JPG|
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===Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)===
 
===Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)===
 
'' Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles''
 
  
 
===Dessins/croquis===
 
===Dessins/croquis===
 
  
 
[[Catégorie:Rituel]]
 
[[Catégorie:Rituel]]

Version actuelle en date du 21 juin 2013 à 10:58

Tomaké

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FA_0019

Date d'enquête

02/10/2012

Nom et prénom de l'enquêteur

FAYE Selbé

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Rituel de libations et d’offrandes

Appellations successives

Tomaké (les pilons)

Type de patrimoine

Patrimoine immatériel

Thématique

Royauté

Localisation

Communauté rurale

Fimela

Village

Mbissel

Adresse

Quartier Thiossane

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude : 14°08'39.33 Nord

Longitude : 16°44'43.17 Ouest

Historique et description

Acteur(s)

Maïssa Waly MANE DIONE, premier roi du Sine

Date/période de réalisation

XIIe siècle

Historique

Dès qu’il prit le pouvoir à Mbissel au XIIe siècle, Maïssa Waly avait d’abord commencé par l’installation de structures protectrices du village et de ses habitants. Ces structures se matérialisaient par plusieurs Pangool (Génies religieux sérère). Il mit alors en place le Fangool (singumier de Pangool) «Tomaké» (les pilons).

Ce fut donc trois pilons qu’il enfonça verticalement sous terre jusqu’à ce que l’on n’aperçoit que les bouts. Il demanda alors à toutes les femmes du village, une fois qu’elles casseraient un pilon de venir le déposer au site du Fangool Tomaké. Les pilons devraient alors former un cercle.

Dès lors, Maïssa Waly confia le droit de tiour (rituel de libation) à une parente de sa famille maternelle. En effet, l’héritage du rituel lié au « Tomaké » se fait de lignée maternelle et seules les femmes ont le droit de l’effectuer. Aujourd’hui à Mbissel, c’est à Tabou NDOUR que revient le droit de Tiour (rituel de libation). Elle occupe donc la fonction de Satiour (responsable du rituel de libation) du Fangool Tomaké.

Description

Tomaké est un Fangool (génie religieux sérère) installé dans un terrain d’environ cent mètres carrés situé au quartier Thiossane de Mbissel. Au milieu de ce terrain, se dessine un cercle formé par des pilons d'où le nom du Fangool. Tomaké est le laboratoire médical du village de Mbissel. En effet, il permet de faire le diagnostic de maladies dont on n’arrive pas à déceler. De plus, après avoir identifié la maladie, la Satiour oriente le patient vers la personne qui pourrait le guérir.

Pour effectuer un tel rituel, la Satiour vient avec une calebasse remplie d’eau dans laquelle elle met du coton et quelques bâtonnets. De façon mystique, le coton et les bâtonnets tournent autour de la calebasse jusqu’à leur arrêt. Ainsi, la Satiour observe alors la calebasse et parvient à détecter la maladie du patient.

Par ailleurs, le rituel du Fangool Tomaké est obligatoire pour toute personne ayant tué un chat ou un chien et pour toute femme ayant cassé un pilon. De ce fait, la Satiour utilise du lait caillé qu’elle verse aux différents pilons en guise de libations afin de préserver ces personnes.

Lieux associés (autour de la même thématique)

Gaabou (Maïssa Waly y est originaire), Fadiouth et Diakhanor (fondés par Maïssa Waly), Dionewar et Niodior (Où Maïssa Waly a séjourné avant de s’installer à Mbissel)

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Mythe du cou tordu : Toute femme ayant cassé un pilon verrait son enfant victime d’un cou tordu. Pour qu'il en soit remis, le rituel du Fangool Tomaké est nécessaire.

Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Selon M. Maliam Sagne, le roi Maïssa Waly Dione avait laissé des consignes de guérison de certaines maladies dont : mal de gorge, bosse sur le dos…

Par ailleurs, les gens viendraient de tout le Sénégal, même de la sous-région pour bénéficier des pouvoirs du Fangool Tomaké.

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Fonction initiale : lieu de libation

Utilisations actuelles : lieu de libation, laboratoire médical traditionnel, lieu de mémoire

Signification actuelle de l'ensemble patrimonial

La population locale voit du Fangool (génie religieux) Tomaké un héritage important lié à la fondation du village.

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Tradition orale

FAYE Bernard, notable du village de Mbissel

SAGNE Maliam, chef du village de Mbissel

Sources écrites

Illustrations

Photographies actuelles

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

Dessins/croquis