IVRAF FA 0004 : Sooso no Maad (randonnée rituelle)
Sommaire
Références du dossier documentaire
Numéro du dossier
IVRF_FA_0004
Date d'enquête
21 /09/2012
Nom et prénom de l'enquêteur
FAYE Selbé
Désignation
Dénomination(s) actuelle(s)
Randonnée rituelle
Appellations successives
Sooso no Maad(randonnée rituelle du roi)
Type de patrimoine
Patrimoine immatériel
Thématique
Royauté
Localisation
Département
Fatick
Communauté rurale
Diakhao
Lieu-dit/quartier/autre
Adresse
Références cadastrales (le cas échéant)
Section :.......... N° parcelle(s) :..........
Géolocalisation
Latitude :14°27’42.87
Longitude :16°17’29.68
Historique et description
Acteur(s)
Les rois du Sine
Date/période de réalisation
Non connue
Historique
Silmang Marone sixième roi du Sine fut l'instigateur du Sosso no maad(randonnée rituelle du roi). En effet ce dernier ,après son intronisation partit au Gaabou chez son père(le vieux Marone) afin de lui demander de quoi vivre et nourrir son royaume. Son père, débordant de pouvoirs mystiques, l’accompagna jusque dans son royaume. Sur place, par un simple traçage, le vieux Marone réussit mystérieusement à revitaliser une partie du fleuve où l'eau s'était tarie. Son père lui avait alors dit : « je t’offre ce fleuve et tu pourras y vivre toi, ta famille et ton royaume toute votre vie si tu ne deviens pas « guigna wèthie »(le rassasié qui oublie).
Un jour le vieux Marone était venu rendre visite à son fils. Arrivé devant le palais royal, le vieux Marone demanda à un des gardiens d’aller dire au roi qu’un invité l’attendait. Ce que le gardien fit jusqu’à trois reprises sans que le roi ne répondît à son appel car il ne savait pas que c’était son père. Le vieux passa la nuit dehors et partit en disant au gardien de dire au roi que « guigna wèthie » était passé. Dès que le roi eut connaissance du message, il partit à sa recherche avec ses troupes.
Furieux, le vieux quitta le palais royal et passa par les villages de Diakhao et Diaadiel soit pour se reposer dans différents endroits soit pour boire. C’est ainsi que fut né le « Soosso no maad ». Cette randonnée fut alors initiée par le roi Silmang qui était sur les traces de son père et tous les rois qui avaient suivi faisaient cette randonnée.
Description
Le parcours du Sooso commençait à Diakhao par la maison royale, les Ngayookh (Piliostigna réticulatum) de Sirganté et la forêt de Dièbang. Au village de Diaadiel, il débutait au baobab Ya Gnilane, se poursuivait à celui de Ndioul ane avant de passer par la case sacrée, les Kaan (Celtis integrifolia) Bouca Thilaass et le marigot Taa-tang. Le rituel se finissait alors à Diakhao par le marigot Qourin, les Ngayokh de Sirgante et les deux aller-retour entre le Nguithie (Ziziphus mauritania) de Ngoulanguème et les Ngayokh de Sirganté. Chacun des points de ce parcours avait son rôle à jouer:
-La maison royale : Le roi en sortait, accompagné de sa cour.
-Les Ngayokh de Sirganté situés au quartier Sombème : Ici, une cérémonie de danse était organisée, rythmée par les tam-tams. Même le cheval du roi participait à la danse.
-La forêt de Dièbang : Une traversée de toute la forêt était nécessaire.
-Le baobab Ya Gnilane : Le roi, accompagné de ces deux guides, y faisait ses libations.
-Le baobab Ndioul ane : Le roi y faisait une prière avec son guide spirituel. Après la prière, une chèvre était tuée en offrande et c’était les paal (teugue en wolof) (des gens de la caste des forgerons) du village de Fandane qui disposaient de la viande. Selon la tradition, le roi dormait dans la case sacrée (d'une superficie d’environ 3 mètres carrés), même si en réalité, il s’agissait d’un simple repos. Une offrande de thiakry (plat à base de mil et de lait caillée) y était faite par le roi.
-Les Kaan Bouca Thilass : Ici le roi utilisait du vin rouge pour ses libations. Les femmes le suivaient, chantant et dansant. A la fin de cette séance, elles lui demandaient le ndewénati (les étrennes) et le roi leur offrait de l’argent.
-Les marigots Taa-tang et Qourine : Le roi les traversait.
Après tout ce parcours, le roi rejoignait les Ngayokh de Sirganté où une belle fête l’attendait. Avant de terminer tout le Sooso, le roi effectuait deux aller-retour entre les Ngayokh de Siganté et le Ngithie Ngoulanguème.
Croquis (le cas échéant)
De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement
État sanitaire
Valeur patrimoniale : il est très important pour les habitants de ces localités.
Lieux associés (autour de la même thématique)
Diadiel (lieu des Pangool royaux), Fandane (lieu de consommation de la viande de la chèvre tuée en offrande
Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial
Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)
Le mythe de la case sacrée : La case encore visible aujourd’hui est toute petite, environ trois mètres carrés, mais quand le roi y accédait, elle s’élargissait.
Le mythe du Sooso : Le rituel du Sooso permettrait un bon hivernage et protégerait le royaume des calamités naturelles.
Le mythe du marigot Taa-tang : Le roi y organisait une baignade annuelle pour tous les citoyens du royaume qui le désirait. Cette baignade les purifierait et les protégerait du mauvais œil.
Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial
Les kaan Bouca Thilass portent le nom du roi Bouca Thilass (XVIIe siècle) car ils auraient poussé suite au bain mystique de ce roi. La case sacrée de Diaadiel était réservée uniquement au roi et quiconque s’aventurerait à y pénétrer serait puni par les Pangool royaux
Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial
Fonctions initiales : lieux de libation et de prière
Fonctions actuelles : lieux de libation
Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial
Propriété publique, propriété privée, classé monument historique, à classer, représentation (lieu de mémoire ou non)
Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial
En dehors du Sooso annuel, les rois et leurs familles se rendaient souvent à Diaadiel sur les lieux concernés par le rituel du Sooso afin de faire le Tour des Pangools royaux (libation des génies religieux). Pour ces libations, ce ne sont pas les deux frère et sœur qui les accompagnaient. En effet, la sœur se chargeait des libations des femmes et le frère s’occupait des hommes.
Par ailleurs, M. Lat-Grand NDIAYE et Mme Codou NDIAYE, interrogés dans le cadre de l'enquête sur cet élément du patrimoine, sont les enfants de Yan Ndiana DIOUF et neveux de Lat-Souck DIOUF, les guides du Sooso sous le règne du dernier roi du Sine Mahécor Diouf. Aujourd’hui, même si la royauté n’existe plus, ils continuent d’entretenir la tradition et assurent le Tiour des Pangool.
Sources
Tradition orale
DIOUF Mahécor, conservateur et chargé de communicationde la maison royale, Diakhao
NDIAYE Codou, ménagère, héritière des Tiour des Pangool royaux, Diaadiel
NDIAYE Lat-Grand, cultivateur, héritier des Tiour des Pangool royaux, Diaadiel
Sources écrites
TOURE Fatou Touth, Rites funéraires et coutumes d’inhumation en Pays seereer du Siin, mémoire de maîtrise, département d’histoire, UCAD. 1998-1999. 110 p.
Illustrations
Photographies actuelles
Sous plusieurs angles, si justifié
- Nom de l'image.JPG
Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)
Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles