IVRAF FA 0004 : Sooso no Maad (randonnée rituelle) : Différence entre versions

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Sooso no Maad (randonnée rituelle du roi)
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Silmang Marone sixième roi du Sine fut l'instigateur du Sosso no maad (randonnée rituelle du roi). En effet ce dernier ,après son intronisation partit au Gaabou chez son père (le vieux Marone) afin de lui demander de quoi vivre et nourrir son royaume. Le vieux Marone, débordant de pouvoirs mystiques, l’accompagna jusque dans son royaume. Sur place, par un simple traçage, le vieux Marone réussit mystérieusement à revitaliser une partie du fleuve où  l'eau s'était tarie et lui dit alors  : « je t’offre ce fleuve et tu pourras y vivre toi, ta famille et ton royaume toute votre vie si tu ne deviens pas « guigna wèthie » (le rassasié qui oublie ou l'ingrat).
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Silmang Marone sixième roi du Sine fut l'instigateur du Soosso no maad (randonnée rituelle du roi). En effet ce dernier ,après son intronisation, partit au Gaabou chez son père (le vieux Marone) afin de lui demander de quoi vivre et nourrir son royaume. Le vieux Marone, débordant de pouvoirs mystiques, l’accompagna jusque dans son royaume. Sur place, par un simple traçage, le vieux Marone réussit mystérieusement à revitaliser une partie du fleuve où  l'eau s'était tarie et lui dit alors  : « je t’offre ce fleuve et tu pourras y vivre toi, ta famille et ton royaume toute votre vie si tu ne deviens pas « guigna wèthie » (le rassasié qui oublie ou l'ingrat).
  
Un jour le vieux Marone revint rendre visite à son fils. Arrivé devant le palais royal, le vieux  demanda à un des gardiens d’aller dire au roi qu’un invité l’attendait. Ce que le gardien fit jusqu’à trois reprises sans que le roi ne répondît à son appel car il ne savait pas que c’était son père. Le vieux passa la nuit dehors et partit en demandant au gardien de dire au roi que « guigna wèthie » était passé. En rentrant, il passa par les Ngayokh de Sirganté, la forêt de Dièbang, le Baobab Ya Gnilane, le marigot de Ndioul ane, la case sacrée de Diaadiel, les kaan Bouca Thilass, le marigot Taatang, le marigot Khourine et le jujubier de Ngoulanguème (ces lieux énumérés se situent dans les villages de Diakhao et Diaadiel).  
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Un jour le vieux Marone revint rendre visite à son fils. Arrivé devant le palais royal, le vieux  demanda à un des gardiens d’aller dire au roi qu’un invité l’attendait. Ce que le gardien fit jusqu’à trois reprises sans que le roi ne répondît à son appel car il ne savait pas que c’était son père. Le vieux passa la nuit dehors et partit en demandant au gardien de dire au roi que « guigna wèthie » était passé. En rentrant, il passa par les Ngayokh de Sirganté, la forêt de Dièbang, le Baobab Ya Gnilane, le marigot de Ndioul ane, la case sacrée de Diaadiel, les kaan Bouca Thilass, le marigot Taatang, le marigot Khourine et le jujubier de Ngoulanguème. Ces lieux énumérés se situent dans les villages de Diakhao et Diaadiel.  
  
 
Dès que le roi eut connaissance du message de son père, il partit à sa  recherche avec ses troupes.
 
Dès que le roi eut connaissance du message de son père, il partit à sa  recherche avec ses troupes.
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La randonnée rituelle du roi se terminait ainsi par deux aller-retours entre le jujubier de Ngoulanguème et les Ngayokh de Sirganté à Diakhao.
 
La randonnée rituelle du roi se terminait ainsi par deux aller-retours entre le jujubier de Ngoulanguème et les Ngayokh de Sirganté à Diakhao.
  
===Croquis (le cas échéant)===
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Par ailleurs, il est à noter qu'au niveau de Diaadiel, c’est une famille dont une sœur et son frère qui accompagnaient le roi lors de ses prières sur les cinq sites abritant les Pangool royaux du village. Ils guidaient le roi muni de leur « sak » petite calebasse contenant le liquide de libation. Tout comme l’accès au trône royal, ces accompagnateurs héritaient leur pouvoir à travers leur lignée maternelle.
  
''De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement''
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===Croquis (le cas échéant)===
  
 
===État sanitaire===
 
===État sanitaire===
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===Lieux associés (autour de la même thématique)===
 
===Lieux associés (autour de la même thématique)===
  
Diadiel (lieu des Pangool royaux), Fandane (lieu de consommation de la viande de la chèvre tuée en offrande
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Diaadiel (lieu des Pangool royaux), Fandane (lieu de consommation de la viande de la chèvre tuée en offrande
  
 
=='''''Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial'''''==
 
=='''''Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial'''''==
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===Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial===
 
===Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial===
  
Les kaan Bouca Thilass portent le nom du roi Bouca Thilass (XVIIe siècle) car ils auraient poussé suite au bain mystique de ce roi.  
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Les kaan (Celtis integrifolia) Bouca Thilass portent le nom du roi Bouca Thilass (XVIIe siècle) car ils auraient poussé suite au bain mystique de ce roi.  
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La case sacrée de Diaadiel était réservée uniquement au roi et quiconque s’aventurerait à y pénétrer serait puni par les Pangool royaux
 
La case sacrée de Diaadiel était réservée uniquement au roi et quiconque s’aventurerait à y pénétrer serait puni par les Pangool royaux
  
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Fonctions initiales : lieux de libation et de prière
 
Fonctions initiales : lieux de libation et de prière
  
Fonctions actuelles : lieux de libation
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Fonction actuelle : lieux de libation, lieux de mémoire
  
 
===Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial===
 
===Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial===
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===Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial===
 
===Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial===
  
En dehors du Sooso annuel, les rois et leurs familles se rendaient souvent à Diaadiel sur les lieux concernés par le rituel du Sooso afin de faire le Tour des Pangools royaux (libation des génies religieux). Pour ces libations, ce ne sont pas les deux frère et sœur qui les accompagnaient. En effet, la sœur se chargeait des libations des femmes et le frère s’occupait des hommes.
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En dehors du Soosso annuel, les rois et leurs familles se rendaient souvent à Diaadiel pour effectuer des libations sur les lieux concernés par la randonnée. Pour ces libations, ce ne sont pas les deux frère et sœur qui les accompagnaient. En effet, la sœur se chargeait des libations des femmes et le frère s’occupait des hommes.
 
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Par ailleurs, M. Lat-Grand NDIAYE et Mme Codou NDIAYE, interrogés dans le cadre de l'enquête sur cet élément du patrimoine, sont les enfants de Yan Ndiana DIOUF et neveux de Lat-Souck DIOUF, les guides du Sooso sous le règne du dernier roi du Sine Mahécor Diouf. Aujourd’hui, même si la royauté n’existe plus, ils continuent d’entretenir la tradition et assurent le Tiour des Pangool.
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=='''''Sources'''''==
 
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===Sources écrites===
 
===Sources écrites===
  
TOURE Fatou Touth, Rites funéraires et coutumes d’inhumation en Pays seereer du Siin, mémoire de maîtrise, département d’histoire, UCAD. 1998-1999. 110 p.
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TOURE Fatou Touth, ''Rites funéraires et coutumes d’inhumation en Pays seereer du Siin'', mémoire de maîtrise, département d’histoire, UCAD. 1998-1999. 110 p.
  
 
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Version actuelle en date du 21 juin 2013 à 00:16

Le parcours du rituel Sooso No Maad

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FA_0004

Date d'enquête

21 /09/2012

Nom et prénom de l'enquêteur

FAYE Selbé

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Randonnée rituelle

Appellations successives

Soosso no Maad (randonnée rituelle du roi)

Type de patrimoine

Patrimoine immatériel

Thématique

Royauté

Localisation

Département

Fatick

Communauté rurale

Diakhao

Villages

Diakhao et Diaadiel

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude :14°27’42.87 Nord

Longitude :16°17’29.68 Ouest

Historique et description

Acteur(s)

Les rois du Sine

Date/période de réalisation

Non déterminée

Historique

Silmang Marone sixième roi du Sine fut l'instigateur du Soosso no maad (randonnée rituelle du roi). En effet ce dernier ,après son intronisation, partit au Gaabou chez son père (le vieux Marone) afin de lui demander de quoi vivre et nourrir son royaume. Le vieux Marone, débordant de pouvoirs mystiques, l’accompagna jusque dans son royaume. Sur place, par un simple traçage, le vieux Marone réussit mystérieusement à revitaliser une partie du fleuve où l'eau s'était tarie et lui dit alors  : « je t’offre ce fleuve et tu pourras y vivre toi, ta famille et ton royaume toute votre vie si tu ne deviens pas « guigna wèthie » (le rassasié qui oublie ou l'ingrat).

Un jour le vieux Marone revint rendre visite à son fils. Arrivé devant le palais royal, le vieux demanda à un des gardiens d’aller dire au roi qu’un invité l’attendait. Ce que le gardien fit jusqu’à trois reprises sans que le roi ne répondît à son appel car il ne savait pas que c’était son père. Le vieux passa la nuit dehors et partit en demandant au gardien de dire au roi que « guigna wèthie » était passé. En rentrant, il passa par les Ngayokh de Sirganté, la forêt de Dièbang, le Baobab Ya Gnilane, le marigot de Ndioul ane, la case sacrée de Diaadiel, les kaan Bouca Thilass, le marigot Taatang, le marigot Khourine et le jujubier de Ngoulanguème. Ces lieux énumérés se situent dans les villages de Diakhao et Diaadiel.

Dès que le roi eut connaissance du message de son père, il partit à sa recherche avec ses troupes. Sur son parcours de recherche, il n'hésita pas à demander aux passants s'ils n'auraient pas vu le vieux Marone. C'est de la sorte qu'il eut connaissance de tous les lieux où son père était passé et ce qu'il y aurait effectué. Silmang ne retrouva malheureusement pas son père mais, de façon symbolique, il décida annuellement de refaire le parcours de ce dernier.

C’est ainsi que fut né le « Soosso no maad » (randonnée rituelle du roi). Cette randonnée, initiée par le roi Silmang, fut réitérée par tous les rois qui lui avaient succédé jusqu'à Mahécor, dernier roi du Sine (actuelle région de Fatick).

Description

Le Soosso commençait par la maison royale et se terminait par le jujubier de Ngoulanguème en passant par différents lieux situés dans les villages de Diakhao et de Diaadiel. Ainsi, le roi passait par :

-les Ngayokh (Piliostigna réticulatum) de Sirganté situés au quartier Sombème de Diakhao : ici, une cérémonie de danse accompagnée de tam-tams était organisée. Même le cheval du roi participait à la danse.

-la forêt de Dièbang à Diakhao: Une traversée de toute la forêt était nécessaire.

-le baobab Ya Gnilane de Diaadiel : Le roi, accompagné de ces deux guides, y faisait ses libations.

-le baobab Ndioul ane de Diaadiel: Le roi y faisait une prière avec son guide spirituel. Après la prière, une chèvre était tuée en offrande et c’était les paal (des gens de la caste des forgerons) du village de Fandane qui disposaient de la viande.

-la case sacrée de Diaadiel : le roi dormait dans cette case (d'une superficie d’environ 3 mètres carrés) et y faisait une offrande de thiakry (plat à base de mil et de lait caillée).

-les Kaan Bouca Thilass de Diaadiel: ici le roi utilisait du vin rouge pour ses libations. Les femmes le suivaient, chantant et dansant. A la fin de cette séance, elles lui demandaient le ndewénati (les étrennes) et le roi leur offrait de l’argent.

-les marigots Taa-tang (Diakhao) et Khourine (Diaadiel) : Le roi devait les traverser.

La randonnée rituelle du roi se terminait ainsi par deux aller-retours entre le jujubier de Ngoulanguème et les Ngayokh de Sirganté à Diakhao.

Par ailleurs, il est à noter qu'au niveau de Diaadiel, c’est une famille dont une sœur et son frère qui accompagnaient le roi lors de ses prières sur les cinq sites abritant les Pangool royaux du village. Ils guidaient le roi muni de leur « sak » petite calebasse contenant le liquide de libation. Tout comme l’accès au trône royal, ces accompagnateurs héritaient leur pouvoir à travers leur lignée maternelle.

Croquis (le cas échéant)

État sanitaire

Lieux associés (autour de la même thématique)

Diaadiel (lieu des Pangool royaux), Fandane (lieu de consommation de la viande de la chèvre tuée en offrande

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Le mythe de la case sacrée : La case encore visible aujourd’hui est toute petite, environ trois mètres carrés, mais il semblerait que lorsque le roi y accédait, elle s’élargissait.

Le mythe du Soosso : Le rituel du Soosso permettrait un bon hivernage et protégerait le royaume des calamités naturelles.

Le mythe du marigot Taa-tang : Le roi y organisait une baignade annuelle pour tous les citoyens du royaume qui le sohaitaient. Cette baignade les purifierait et les protégerait du mauvais œil.

Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Les kaan (Celtis integrifolia) Bouca Thilass portent le nom du roi Bouca Thilass (XVIIe siècle) car ils auraient poussé suite au bain mystique de ce roi.

La case sacrée de Diaadiel était réservée uniquement au roi et quiconque s’aventurerait à y pénétrer serait puni par les Pangool royaux

Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Fonctions initiales : lieux de libation et de prière

Fonction actuelle : lieux de libation, lieux de mémoire

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Signification actuelle : le Soosso est un patrimoine très important pour les habitants des localités de Diakhao et Diaadiel puisque des libations sont toujours effectuées dans bon nombres des sites du parcours.

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

En dehors du Soosso annuel, les rois et leurs familles se rendaient souvent à Diaadiel pour effectuer des libations sur les lieux concernés par la randonnée. Pour ces libations, ce ne sont pas les deux frère et sœur qui les accompagnaient. En effet, la sœur se chargeait des libations des femmes et le frère s’occupait des hommes.

Sources

Tradition orale

DIOUF Mahécor, conservateur et chargé de communicationde la maison royale, Diakhao

NDIAYE Codou, ménagère, héritière des Tiour des Pangool royaux, Diaadiel

NDIAYE Lat-Grand, cultivateur, héritier des Tiour des Pangool royaux, Diaadiel

Sources écrites

TOURE Fatou Touth, Rites funéraires et coutumes d’inhumation en Pays seereer du Siin, mémoire de maîtrise, département d’histoire, UCAD. 1998-1999. 110 p.

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis