IVRAF FO 0137 : Village de Dionewar : Différence entre versions
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===Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial=== | ===Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial=== |
Version du 11 octobre 2013 à 12:54
Sommaire
Références du dossier documentaire
Numéro du dossier
IVRAF_FO_0137
Date d'enquête
08/05/2013
Nom et prénom de l'enquêteur
FAYE Selbé
Désignation
Dénomination(s) actuelle(s)
Ile
Appellations successives
Dione Wane
Dionewar
Type de patrimoine
Patrimoine matériel
Thématique
Senghor
Localisation
Département
Foundiougne
Arrondissement
Niodior
Communauté rurale
Dionewar
Village
Dionewar
Adresse
Références cadastrales (le cas échéant)
Section :.......... N° parcelle(s) :..........
Géolocalisation
Latitude :
Longitude :
Historique et description
Acteur(s)
Ngodane
Date/période de réalisation
Vers 1234
Historique
C’était à Gabou (dans l’actuelle Guinée Bissau), lorsqu’éclata la guerre entre le royaume théocratique des Peuls du Fouta Djalon et le Gabou dans laquelle plusieurs familles perdirent leurs membres. Tel fut le cas de Ngodane, une femme guelwaar (de la dynastie royale) à qui, il ne restait que son jeune frère Takra.
Les deux mandingues (ethnie du Gabou), Ngodane et son frère Takra, en quête d’un lieu d’habitation sécurisé, s’installèrent d’abord à Wakhaldiam, non loin de Niakhar. Mais, ils ne restèrent que trois ans dans ce village car il leur manquait de la place, et le lieu n’était pas celui indiqué de façon mystique à Ngodane. La jeune femme, convaincue que le village de Wakhaldiam n’était pas la destination indiquée, suggéra à son frère de le quitter.
Ils s’en allèrent vers une destination nouvelle et s’installèrent une seconde fois à Joal, car le guide sprituel de Ngodane lui avait indiqué un village entouré d’eau. A joal, le frère et la sœur restèrent deux ans mais ce village n’était toujours pas le lieu indiqué dans les songes de Ngodane inspirés par son Pangol (Génie religieux).
Ils repartirent et firent une halte à la pointe de Sangomar. Cette halte n’était pas fortuite, car dans ce lieu habitait de son Fangool (génie religieux) qui lui indiquait dans des songes le lieu de son installation définitive. Ngodane serait ensuite rejointe à Sangomar par une cousine avec qui elle avait prévu de faire le voyage depuis le Gabou, leur terre natale. La cousine, grâce à ses pouvoirs mystiques les avait suivi en compagnie de ses enfants. Ce geste de Ngodane était perçu par sa cousine comme une trahison. C’est d’ailleurs cette trahison qui valut à Ngodane son prénom (du verbe sérère « xod » ou hod qui signifie trahir).
Mais, le Fangool de Sangomar signifia à Ngodane qu’il ne pouvait pas cohabiter avec eux, car lui aussi (le Fangool) avait besoin d’espace pour sa progéniture. Il lui dit que le lieu de leur installation n’était plus qu’à quelques minutes de traversée. Profitant du temps qui leur restait sur la presqu’île de Sangomar, Ngodane demanda à sa cousine de la tresser. Pendant que celle-ci la tressait, la marée commença à monter. Ngodane dit en sérère à sa cousine : « sangi o maar ole (nofadi o maar ole) o maag ole oxe mayiidaa ! », (dépêche-toi de me tresser, la marée est en train de monter). C’est cette expression « sangi maar olé » qui donna naissance au toponyme de l’île de Sangomar.
Après la petite séance de tresses, les deux familles embarquèrent à bord d’un radeau fabriqué sur place à l’aide de matériaux rudimentaires. Ainsi, elles rejoignirent le lieu recherché qu’elles prénommèrent en sérère, « Joon waan » en référence aux différents courts séjours qu’ils ont eu à effectuer avant leur installation définitive. Une mauvaise orthographe du toponyme est à l’origine du nom officiel, d’où l’appellation actuelle de Dionewar. C’était ainsi vers 1234, que les deux lignées « fatafata « et « simala » (lignées maternelles) créèrent le village de Dionewar.
Selon la tradition orale, quand les « simala » (Ngodane et son frère) s’activaient pour construire leur nouveau village, les « fatafata » (la cousine de Ngodane et ses enfants) passaient leur temps à dormir. C’est de là qu’est né le cousinage à plaisanterie entre les deux lignages. Les « simala » se vantent d’être des travailleurs en qualifiant les « fatafata » de fainéants.
Si la création de Dionewar est attribuée à Ngodane puisque c’est elle qui, grâce à des songes trouva le lieu, le fait d’arriver sur les lieux avec sa cousine fait dire à certains que le village a été fondé par les simala et les fatafata. Ces deux familles mandingues seront rejointes plus tard, par les sérères. Mais le brassage existait déjà car les immigrés mandingues ont séjourné des villages sérères avant leur installation définitive à Dionewar. Au lieu de garder leur langue maternelle du Gabou, elles ont subi une acculturation et ont fini par devenir des sérères. Depuis, on les appelle Sérère niominka, car niominka signifie en langue mandingue, « les gens de l’eau ».
Dionewar fait partie du royaume d’enfance de Senghor. En effet, dans son œuvre Nocturnes, Senghor évoque Dionewar : « nous revenions de Dionewar, nos pensées s’attardaient sur les bolongs ». Les sages du village de Dionewar nous ont confirmé qu’à plusieurs reprises, le poète-président est venu visiter l’île. Ils nous ont également fait savoir qu’il aimait bien demander pour son menu, un plat bien local en pays sérère : du couscous de mil et des moules (saac fo paan).
Description
Niché au cœur du delta du Saloum, l’île de Dionewar fait partie de la communauté rurale du même nom. Elle dépend de l’arrondissement de Niodior composé de 19 îles. Le village est limité au nord par l’îlot de Djimsane, au sud par l’île de Niodior, à l’est par les îles de Falia et de Diogane, et à l’ouest par l’île de Sangomar. Dionewar compte 7500 habitants répartis dans les trois quartiers du village que sont : Mbind Maak, Ndéralé, Ndiokhé. L’île est quasiment composée de musulmans, comme en atteste son imposante mosquée située au quartier Ndéralé.
Dionewar dispose d’un district sanitaire, d’une « case des tous petits », de deux écoles primaires, de deux écoles arabes, d’un lycée qui s’arrête en première et un hôtel. L’île ne bénéficiant pas de forage, il n’y a donc pas de raccordement en eau courante. L’électricité fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène et de plaque solaires. Le solaire est cependant en panne depuis 2004.
Les activités principales du village sont la pêche, l’agriculture et l’élevage. Dans cette île niominka, la transformation des produits halieutiques occupe une place prépondérante dans l’économie. En outre, l’artisanat n’est pas en reste avec l’instauration en plein cœur du village d’une maison artisanale où habitants, visiteurs et touristes peuvent s’offrir les produits artistiques locaux.
Par ailleurs, ONG, GIE et associations locales interviennent dans le développement local du village. Dix-neuf (19) GIE de femmes y constituent une fédération locale, 6 GIE locaux chapeautés par l’union locale et par une dizaine d’associations de jeunes.
Derrière tous ces groupements et associations, se cache une organisation des plus minutieuses. En effet, certaines associations s’impliquent dans l’assainissement, la protection de l’environnement et le nettoyage du village. D’autres veillent à la divagation des animaux (ils ne doivent pas circuler entre 8 heures et 18 heures), d’autres encore s’occupent de l’animation, de la régulation du transport et des activités touristiques.
L’île de Dionewar est également réputée pour ses activités culturelles parmi lesquelles la lutte organisée annuellement le mois de l’Aid el Kébir (Tabaski). Les « mâl » (groupes d’âge) participent à l’animation culturelle du village durant toute l’année avec l’organisation de « ngel » (cérémonies de chants et danses traditionnelles sérères) et d’autres festivités locales.
Parmi les singularités de Dionewar, la fête dite « panal ». C’est une cérémonie typique de l’île qui date de 1954. Pendant la cérémonie, plusieurs hommes dansent en portant sur leur tête une pirogue décorée aux couleurs des îles.
Croquis (le cas échéant)
Lieux associés (autour de la même thématique)
Gaabou, lieu d’origine de Ngodane, la fondatrice du village
Wakhaldiam, premier village où Ngodane, fondatrice de Dionewar s’est arrêtée
Joal, deuxième village de Ngodane avant son arrivée à Dionewar
Sangomar, lieu de culte rattaché à la création du village
Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial
Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)
Le Fangool (génie religieux) Sangomar aurait guidé Ngodane dans sa quête d’un lieu d’habitation sécurisé.
Sangomar protégerait Dionewar de l'avancée de la mer et des calamités naturelles.
Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial
Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial
Fonctions initiales : lieu d’habitation
Utilisations actuelles : lieu d’habitation, lieu de mémoire du « Royaume d’enfance » de Senghor.
Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial
Statut : village de l’arrondissement de Niodior
Signification actuelle : Le village de Dionewar revêt une importante valeur patrimoniale du fait de son brassage entre populations mandingues du Gaabou et populations sérères, brassage que l’on retrouve parfois dans le langage.
Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial
Une stèle attestant de l’appartenance de Dionewar au royaume d’enfance de Senghor a été confectionnée par la fondation Senghor. Toutefois, pour des raisons de commodités, la stèle a été installée à Ndangane.
Sources
Bibliographie
Tradition orale
DIOP Bira Coly, Président de la communauté rurale de Fimela
NDIAYE Ismaïla, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar
SARR Insa, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar
SARR Ousmane, notable du village, quartier Ndéralé, Dionewar
Sources écrites
GRAVRAND Henry, la civilisation Sereer : Cosaan, Abbéville, 1983, 361 p
Illustrations
Photographies actuelles
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