IVRAF FA 0011 : La lutte royale (tournoi) : Différence entre versions
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− | Les cérémonies de lutte se déroulaient sur la place | + | Les cérémonies de lutte se déroulaient sur la place Waassila. Pour fêter la moisson, le roi convoquait tous les lutteurs de la contrée qui venaient rivaliser de courage, de force et de technicité. Organisés en fin d’hivernage, les tournois de luttes royales duraient environ deux mois. Ils étaient divisés en deux tranches : une première tranche de quelques semaines consacrée exclusivement à la lutte sans frappe et une autre de même durée réservée à la lutte avec frappe. |
− | Les cérémonies étaient présidées par le roi lui-même qui donnait le coup d’envoi du tournoi. Les combats étaient rythmés par le son des tambours du Sine accompagné de chansons des griots. C’étaient des combats très mystiques : les lutteurs, pour se préserver du mauvais sort, se munissaient de gris-gris et d’amulettes de toutes sortes. Chaque combat mettait aux prises deux adversaires qui s’affrontaient dans une opposition physique dont la durée variait en fonction de la difficulté du combat. Au coup d’envoi du combat, les deux protagonistes | + | Les cérémonies étaient présidées par le roi lui-même qui donnait le coup d’envoi du tournoi. Les combats étaient rythmés par le son des tambours du Sine accompagné de chansons des griots. |
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+ | C’étaient des combats très mystiques : les lutteurs, pour se préserver du mauvais sort, se munissaient de gris-gris et d’amulettes de toutes sortes. Chaque combat mettait aux prises deux adversaires qui s’affrontaient dans une opposition physique dont la durée variait en fonction de la difficulté du combat. | ||
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+ | Au coup d’envoi du combat, les deux protagonistes prenaient le temps de s'observer mutuellement. Ce temps d’observation était pour eux non seulement l’occasion de réciter quelques incantations mystiques, mais également il leur permettait de se jauger mutuellement et de deviner par la même occasion la tactique de l’autre. Après ces préliminaires, un corps à corps frontal, des coups de poings (en cas de lutte avec frappe) et des prouesses techniques s’en suivaient jusqu’à la chute de l’un des deux. | ||
Le roi avait son propre lutteur qui, chaque année, devait batailler ferme pour conserver son titre. Mais pour rencontrer le lutteur du roi, il fallait passer par la périlleuse étape des combats éliminatoires. Le lutteur sorti victorieux de ces éliminatoires affrontait le champion du roi dans un combat final. | Le roi avait son propre lutteur qui, chaque année, devait batailler ferme pour conserver son titre. Mais pour rencontrer le lutteur du roi, il fallait passer par la périlleuse étape des combats éliminatoires. Le lutteur sorti victorieux de ces éliminatoires affrontait le champion du roi dans un combat final. |
Version du 13 novembre 2012 à 11:54
Sommaire
Références du dossier documentaire
Numéro du dossier
IVRF_0011
Date d'enquête
24/09/2012
Nom et prénom de l'enquêteur
SECK Badé
Désignation
Dénomination(s) actuelle(s)
Lutte
Appellations successives
La lutte royale, tournoi de lutte
Type de patrimoine
Patrimoine immatériel
Thématique
Royauté
Localisation
Communauté rurale
Diakhao
quartier
Escale
Adresse
Nguel Waassila (Place Waassila)
Références cadastrales (le cas échéant)
Section :.......... N° parcelle(s) :..........
Géolocalisation
Latitude : 14°27’43.52 N
Longitude : 16°17’26.42 O
Historique et description
Acteur(s)
Les rois du Sine
Date/période de réalisation
Non indéterminée
Historique
L’histoire de la lutte dans le royaume du Sine est étroitement liée à celle de l’agriculture dans la société Sérère. En effet, à la fin de chaque hivernage, les sérères avaient coutume d’organiser des cérémonies de luttes. C’étaient des joutes qui opposaient les lutteurs des villages d’une même contrée. Chaque village avait son propre lutteur qui devait vaillamment le représenter car la victoire leur garantissait respect et considération.
Fidèles à leur tradition sérère, les rois du Sine ont toujours accordé une place importante à la lutte. En effet, pour célébrer la moisson, les rois organisaient des cérémonies de lutte qui opposaient tous les lutteurs du Sine. Si les historiens n’arrivent pas à déterminer de façon exacte le premier roi à avoir initié cette pratique, ils s’accordent tous sur les finalités de la tenue de ces séances de luttes. D’après les historiens interrogés sur le fait, les cérémonies de luttes avaient une réelle importance, au-delà de leur caractère ludique. C’était une occasion pour le roi de jauger le niveau de bravoure de sa jeunesse.
Ainsi, à l’appel des tambours, tous les lutteurs des villages environnants de Diakhao se ruaient vers la place Waassila où se tenaient les joutes.
Même si la lutte royale a disparu, la lutte demeure un patrimoine foncièrement ancré dans la société sérère. Des tournois de luttes de même nature que la lutte royale continuent d’être organisés dans tous les villages du Sine.
Description
Les cérémonies de lutte se déroulaient sur la place Waassila. Pour fêter la moisson, le roi convoquait tous les lutteurs de la contrée qui venaient rivaliser de courage, de force et de technicité. Organisés en fin d’hivernage, les tournois de luttes royales duraient environ deux mois. Ils étaient divisés en deux tranches : une première tranche de quelques semaines consacrée exclusivement à la lutte sans frappe et une autre de même durée réservée à la lutte avec frappe.
Les cérémonies étaient présidées par le roi lui-même qui donnait le coup d’envoi du tournoi. Les combats étaient rythmés par le son des tambours du Sine accompagné de chansons des griots.
C’étaient des combats très mystiques : les lutteurs, pour se préserver du mauvais sort, se munissaient de gris-gris et d’amulettes de toutes sortes. Chaque combat mettait aux prises deux adversaires qui s’affrontaient dans une opposition physique dont la durée variait en fonction de la difficulté du combat.
Au coup d’envoi du combat, les deux protagonistes prenaient le temps de s'observer mutuellement. Ce temps d’observation était pour eux non seulement l’occasion de réciter quelques incantations mystiques, mais également il leur permettait de se jauger mutuellement et de deviner par la même occasion la tactique de l’autre. Après ces préliminaires, un corps à corps frontal, des coups de poings (en cas de lutte avec frappe) et des prouesses techniques s’en suivaient jusqu’à la chute de l’un des deux.
Le roi avait son propre lutteur qui, chaque année, devait batailler ferme pour conserver son titre. Mais pour rencontrer le lutteur du roi, il fallait passer par la périlleuse étape des combats éliminatoires. Le lutteur sorti victorieux de ces éliminatoires affrontait le champion du roi dans un combat final.
A la fin des combats, le lutteur invaincu était déclaré champion par le roi. La cérémonie se terminait par une grande fête organisée dans la maison royale en l’honneur du vainqueur du tournoi.
Croquis (le cas échéant)
De l’ensemble patrimonial et/ou de sa position dans son environnement
État sanitaire
Valeur patrimoniale :La lutte, au-delà de la royauté, revêt une importance capitale pour tous les sérères. C’est un patrimoine auquel les habitants de Sine tiennent énormément.
Lieux associés (autour de la même thématique)
Mbéllacadiao: d’où venait le célèbre lutteur Ndiaga Penda
Mbour: ville du lutteur Cheikh Mbaba
Ndoffène: village de Mamadou Diouf, l’un des plus légendaires lutteurs de Sine
Ngalagne Mbouloum: d’où venait Cheikh Ngom et Moussa Diamé.
Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial
Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)
Anecdote(s),discours,impression(s)sur l'ensemble patrimonial
Le combat entre Moussa Diamé et cheikh Mbaba : « C’était un combat organisé par le dernier roi Mahécor Diouf. J’ai assisté à ce combat épique. C’était un combat pour l’honneur car cheikh Mbaba avait terrassé le grand frère de Moussa Diamé. Ce dernier qui avait la lourde tâche de laver l’affront s’en est merveilleusement sorti par une victoire sans bavure sur son adversaire. » Idrissa NDIAYE
La première défaite de Cheikh Ngom : « Cheikh Ngom était un lutteur imbattable et impressionnant de force et de courage. Il n’a jamais connu de défaite jusqu’au jour où il affronta le redoutable Mamadou Diouf qui contre toute attente le mis K.O. Cette première défaite de ce champion me reste toujours en mémoire. » Idrissa NDIAYE
Utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial
Fonction initiale(s) : fête de la moisson
Fonction (s) actuelle(s) : Tournoi de lutte sportif
Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial
Signification actuelle : Tournoi sportif à caractère culturel et ludique
Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial
Sources
Tradition orale
NDIAYE Idrissa, historien, Diakhao
DIOUF Mahécor, conservateur et chargé de communication de la maison royale, Diakhao
SARR Ngor, journaliste, Fatick
Sources écrites
Archives, édition de textes
Illustrations
Photographies actuelles
Sous plusieurs angles, si justifié
- Nom de l'image.JPG
Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)
Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles