IVRAF FO 175: Village de Néma Baa

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Références du dossier documentaire

N° de dossier

IVRAF_FO_0175

Date d’enquête

06/01/2014

Nom et prénom de l’enquêteur

WADE Mame Coumba


Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Village

Appellations successives

Nema Bah (village du grand bonheur)

Nema Baa (le grand Néma)

Type de patrimoine

Patrimoine matériel

Thématique

Localisation

Communauté Rurale

Toubacouta

Village

Néma Bah

Références cadastrales (le cas échéant)

Section : N° parcelle(s) :

Géolocalisation

Latitude: Longitude:

Historique et description

Acteur(s)

Diouma Ndane Diamé

Date/période de réalisation

Vers 1774

Historique

Originaire de l’île de Siwo où ils exerçaient principalement l’activité de pêche, les habitants de l’actuel Néma Bah avaient quitté leur village d’origine afin de pouvoir bénéficier d’eau douce et diversifier leurs activités économiques.

Venus avec d’autres villageois des îles du Saloum, ils s’installèrent d’abord au village de Sangako où ils passèrent près de quatre ans. Durant cette période, les différents chefs de groupe se sont lancés à la recherche de lieux d’habitation distincts pouvant accueillir les différentes communautés. Ainsi, Juma Ndaan Jame (responsable des originaires de Siwo), au cours des ses recherches, fit un bref passage à Missirah où le marabout Senghor Baa lui indiqua un lieu d’habitation adéquat et lui suggéra de nommer le village « Néma » (Grand bonheur en langue mandingue). Ainsi, sous la direction de Juma Ndaan Jame, accompagné de son frère Coly Mbegaan Jame, le groupe s’installa ensuite en amont du bolong séparant Missirah de l’actuelle Néma Bah. Le baobab sous lequel ils élièrent domicile fut alors nommé « Badiouth » en référence au Djinn de Siwo, leur village d’origine.

Ils vécurent des années durant sous ce baobab, mais les Djinns du site ne voulaient pas de cette cohabitation. En effet, pour les contraindre à quitter les lieux, les Djinns provoquaient des incendies récurrents après l’hivernage. Face à cette situation, Juma Ndaan retourna chez le marabout Senghor Baa de Missirah et lui fit part des événements qui se produisaient dans son village.

Aussi, le marabout lui fit savoir qu’il s’était trompé de site et qu’il devait traverser le bolong avant de s’installer.

Suite à cette nouvelle indication, Juma Ndaan et toute sa communauté traversèrent le bolong pour occuper définitivement l’actuel village de Néma Bah. L’habitat déserté est actuellement occupé par des Peuls. Durant années après leur installation, les populations de Néma regagnaient Missirah par pirogue du fait de la densité de la bande forestière qui séparait les deux villages. Cependant, lors du décès de Juma Ndaan Jamé, les habitants de Néma entamèrent le débroussaillage de la forêt afin de permettre au marabout Senghor Bah d’effectuer la prière mortuaire de Juma Ndaan, son cheval ne pouvant pas traverser le bolong. Cet acte permît le désenclavement de Néma par rapport aux autres villages du Niombato.

En outre, le peuplement du village de Néma Bah s’est effectué progressivement. Après leur installation, certains d’entre eux ramenèrent de Siwo (village d’origine) leurs neveux à qui ils offrirent maison et terres cultivables. Quelques temps après, des étrangers (Mandingues, Peuls, Diolas…) commencèrent à s’installer dans le village grâce au développement des activités économiques. Ce rapide processus de peuplement place aujourd’hui Néma Bah au rang de troisième parmi les plus grands villages du Niombato, derrière Missirah et Madina Sangako.

Ce boom démographique ayant entrainé une réduction des périmètres cultivables, poussa certains habitants à fonder un nouveau village nommé Néma Nding (petit Néma), petit détachement du grand Néma qui garde toujours le nom d’origine de Néma Bah (grand Néma).

Description

Situé dans le département de Foundiougne, le village de Néma Bah se trouve à quelques kilomètres de Toubacouta. Il est limité à l’Est par le village de Ndoumoudji, à l’Ouest par l’île de Siwo, au Nord par le village de Dassilamé Sérère et au Sud par la république de Gambie.

Troisième plus grand village du Niombato, Néma Bah bénéficie d’un climat de type tropical avec une pluviométrique le plus souvent au dessus de la moyenne régionale. Cette situation climatique est à l’origine de la densité de sa forêt avec une diversité d’espèce.

Son réseau hydrographique est dominé par un bolong, une rivière d’eau douce et une source d’eau douce « sacrée » assurant l’approvisionnement en eau du village. Le barrage érigé sur la vallée de Néma a permit la régénérescence de plusieurs espèces végétales et le développement fulgurant de la riziculture.

Les potentialités naturelles du milieu favorisent le développement de plusieurs activités génératrices de revenus. Ces dernières tournent principalement au tour de l’agriculture (maraichère et saisonnière), de la pêche, de la transformation des produits halieutiques, du commerce et du tourisme.

Par ailleurs, la population de Néma Bah, estimée à environs 1117 habitants (recensement administratif 2013) est répartie entre quatre grands quartiers que sont Diamé kounda (mbind koufa), Sarr kounda, Boune et Santhia. Cette population est répartie sur 103 carrés d’une architecture en grande partie dominée par l’habitat traditionnelle. A cent pour cent (100%) musulman, le village se caractérise par une faible diversité ethnique avec une majorité de Sérères. Toutefois, on y retrouve des Socés et des Peuls.

En outre, Néma Bah se caractérise par une insuffisance d’infrastructures. Il ne compte que six (6) écoles primaires dont la première date de 1995, une école coranique de trois (3) classes, un (1) poste de santé, deux (2) mosquées de taille différente.

Le village n’est pas électrifié et ne dispose d’aucun de réseau d’eau courant. La population s’approvisionne au niveau des puits. Malgré son statut de troisième village du Niombato, Néma Bah ne dispose pas de route goudronnée ce qui constitue une entrave au développement du tourisme dans le village. Plusieurs ONG interviennent dans le village comme c’est le cas de PISA (Projet Italien de Sécurité Alimentaire),Wula Naffa, PAPIL (Projet d'Appui à la Petite Irrigation Locale).

Du point de vue festivité, un Gamou drainant des centaines de personnes est organisé chaque année (au mois d’avril) dans le village. En outre, la population de Néma Bah reste très organisée à travers des associations et des GIE (groupement d’intérêt économique) comme le groupement Juboo dont les membres, en majorité des femmes, s’activent dans la collecte et la commercialisation des huitres, le maraîchage et le reboisement de la mangrove.

État sanitaire

Passable

Lieux associés (autour de la même thématique)

Siwo : Village d’origine des habitants de Néma

Missirah : Village du marabout qui leur avait indiqué le lieu

Sangako : Village où ils sont descendus en premier quand ils avaient quitté Siwo

Dakar : des gens viennent de cette ville pour assister au Gamou ou pour puiser de l’eau de la source sacrée

Gambie, Kaolack, Bassoul: Des habitants de ces villes viennent assister au Gamou de Néma Bah

Culture(s) orale(s) en lien avec l’élément patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Légende de l’âne: Une nuit, un peul habitant l’ancien village de Néma Bah a vu un âne et quand il a tiré avec son fusil il a vu comme une flamme qui se dégageait de la queue de l’âne.

Légende du dragon: le déplacement du dragon de Néma vers le sud ouest du village aurait occasionné la fissure du pont Fanguid.

Anecdote(s), discours, impression(s) sur l’élément patrimonial

Anecdote 1: Un homme de teint noir ne doit pas monter sur le baobab au dessus de la source d’eau sacrée. Sinon, il risque de chuter car les djinns ne veulent pas d’une personne en teint noir.

Anecdote 2: Les peuls qui habitent l’ancien village de Néma Bah rencontrent des choses étranges au niveau du site.

Anecdote 3: Il est interdit de battre des Tam-Tam dans le village de Néma parce que cela est interdit par la religion musulmane.

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s) de l’élément patrimonial

Fonction initiale: Zone d’habitation et d’activité économique

Utilisation actuelle: Zone d’habitation et d’activité économique

Statut et signification actuelle de l’élément patrimonial

Statut: village de la Communauté Rurale de Toubacouta

Signification actuelle: Abri et terre de paix pour ses habitants qui ont du traverser tout le Niombato à la recherche de la terre promise.

Informations complémentaires sur l’élément patrimonial

Sources

Bibliographie

Tradition orale

Diamé Ibrahima, Chef de village, Néma Bah

Mané Moussa, vieux du village, Néma Bah

Senghor Mamadou Lamine, Eco-guide, Néma Bah

Sources écrites

Communauté rurale de Toubacouta, Plan local de développement de la communauté rurale de Toubacouta 2009-2014, élaboré en partenariat avec l’appui du PNDL de CADDEL CONSULTING et de l’ARD de Fatick, décembre 2009

ONUDI, Rapport d’études : cartographie territoriale delta du Saloum, Août 2009, 115 pages

R. Van Chi Bonnardel, Exemple de migrations multiformes intégrées : les migrations de Nyominka (îles du Bas-Saloum sénégalais), Bulletin de l'IFAN, série B, 1977, vol. 39, n° 4, p. 837-889

Sène EL Hadji M. et al, Gestion des zones humides en milieux arides: leçons d'expérience, UICN, 2006, 87 pages

V. Martin et C. Becker, Documents pour servir à l’histoire des îles du Saalum, Publié dans le Bulletin de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire, Tome 41, Série B, n° 4, octobre 1979, p. 722-772

Zewde Bahru, Society, State, and Identity in African History, African books collective, Association of African Historians, 2008 ,430pages


Sitographie

http://www.pepam.gouv.sn/acces.php?idloc=09234034

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis