IVRAF FO 167: Le village(l’île)de Sipo

De wiki_fatick_inventaire
Aller à : navigation, rechercher

Références du dossier documentaire

N° de dossier

IVRAF_FO_167

Date d’enquête

06/01/2014

Nom et prénom de l’enquêteur

MBENGUE BODIEL

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Île, village

Appellations successives

Île de Sipo, village de Sipo, Sipo Tendato, Sipo Moussa

Type de patrimoine

Patrimoine matériel

Thématique :

Localisation

Commune

Département : Foundiougne

Communauté rurale : Toubacouta

Lieux-dits

Village : Sipo

Adresse

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :..... N° parcelle(s) :.......

Géolocalisation

Latitude :

Longitude :

Historique et description :

Acteur(s) :

Ancêtres mandings et sérères

Date/période de réalisation :

Peu avant 1901.

Historique :

A quelques trente minutes de Toubacouta en pirogue se trouve le village de Sipo. Le nom du village signifie, en langue sérère, que c’est ici que « j’ai planté » ma maison (sip), ou alors escale en référence au bâton que les piroguiers plantaient en attendant la variation de la marée pour pouvoir naviguer ou encore une déformation de Sipow le bâton que tient le selbé (accompagnant des initiés) dans les rites d’initiation. Sipo servait déjà d’île d’attache et de repos aux pêcheurs sereer et nombreux paysans de la rive de Bani et de Sourou (deux villages Niominka, sous dominante mandingue et sérère) à la recherche de bois de charpente et de chaume pour leurs habitats).

C’est une petite île d’à peine une centaine d’habitants, qui a la particularité d’abriter une reine. Fille unique, elle a hérité de la place de son père à sa mort. C’est une situation plutôt exceptionnelle pour un village que d’avoir une femme à sa tête. D’après elle, le village serait fondé par son grand-père Cheikh Aly Mané en 1901. Ce dernier est issu d’une fratrie de quatre (4) enfants. Comme il ne s’entendait pas avec ses frères, il a quitté le domicile familial à la recherche d’un endroit où il pourrait trouver la paix. C’est là qu’il arriva sur l’île de Sipo. Il y bâtit une case et retourna dans son village natal récupérer ses deux épouses. Après le décès de Cheikh Aly Mané, un de ses fils, Almamy Mané, qui serait le père de la reine actuelle, Fatoumata Mané, régna en maitre dans le village jusqu'à sa mort. Cette dernière, âgée à l’époque de 12 ans environs, occupe le fauteuil de reine de Sipo depuis près de 75 ans. Aujourd’hui âgée de 87 sans, Fatou Mané est une reine sans couronne, sans trône, sans sceptre ni cour mais qui jouait naguère le rôle de chef de village. Fatou Mané a donné naissance à six filles et un garçon. Ce dernier, Insa Touré, a pris sa relève. Il joue, en outre, un rôle d’intermédiaire et de facilitateur entre les villageois et autres étrangers ou visiteurs. Il perçoit, également, l’impôt pour le compte de la communauté rurale.

Cependant, beaucoup de versions se disputent la fondation du village. Selon celle de Yankoba Kamara, le village de sipo aurait été fondé par Ljankadi Coor, un sose émigré de Missirah, peu avant 1900. Certains habitants du village seraient également originaires de Missirah, alors que les autres habitaient auparavant le village de Bani.

Description :

Sipo a tout de l’image que l’on peut attendre d’un village sénégalais : un village traditionnel paisible, avec son arbre à palabre et ses cases aux toits de palmes en palissade de côtes de rôniers (ce sont de petites cases rondes en paille), ses bancs de sable ça et là, des amas de coquilles d’huitres vides par ci et par là. L’île est bien cachée par la mangrove qui borde le bolong Bamboung. L’île est située à l’est par le bolong qui le relie à Toubacouta, à l’ouest par Bossikang, au nord par le village de Diogoye et enfin, au sud par Amdalaye et les îles paradis.

En outre, avec les 132 âmes qui y vivent (hors les saisonniers, recensement 2013), Sipo est un tout petit village cosmopolite, un carrefour de rencontre de différentes cultures. D’aucuns y sont venus pour trouver de la matière première pour la fabrication de la Chaux, d’autres, en fuite, viennent pour s’y exiler et d’autres encore, viennent pour chercher des fruits de mer ou du pain de singe. De ce fait, il est noté une cohabitation paisible entre une majorité de socés, de sérères et de bambaras et une minorité de Diolas, de Balantes et de Wolofs qui se regroupent dans 19 carrés.

Les habitants étaient tous des musulmans lors de leur implantation à Sipo. Aujourd’hui, ils cohabitent avec quelques chrétiens. Un prêtre quitte Sokone pour leur faire la messe, trois fois dans l’année, sous un néflier (pommier de Cayor) qui fait office d’église pour l’occasion. Le village compte une mosquée et une école élémentaire de deux salles de classes multigrades.

Les principales activités des populations se résument à la transformation des produits locaux, à la pêche aux fruits de mer notamment l’huitre, l’agriculture, surtout maraichère. En effet, le village dispose de deux jardins communautaires depuis 1997, offerts par l’ONG Wula Nafa chapeautée par une autre ONG italienne, PISA. D’autres fondations interviennent également dans le village à savoir CISV et Oceanium. L’ile de Sipo, à l’image de la plupart des villages du Delta du Saloum, essaie tant bien que mal de tirer profit des retombées du tourisme en général, du tourisme responsable (éco-tourisme) en particulier. De ce fait, l'île de Sipo fait partie des villages fondateurs de l’Aire Marine protégée de Bamboung qui abrite un campement écologique.

Le seul point négatif réside dans le fait que le village n’est pas électrifié et n’est pas raccordé au réseau d’eau potable. Les populations utilisent l’eau de puits. L’île ne dispose pas non plus de poste de santé ; pour les accouchements, les femmes enceintes sont acheminées à Toubacouta sous l’escorte de la reine (qui a été matrone). Pour leurs déplacements hors du village, les habitants se sont vus offert une pirogue, actuellement en réfection, par CISV.

Différentes associations animent le village : Association pour le Développement de Sipo (ADS), l’Association des Parents d’Elèves et le Comité de Gestion de l’école. Jadis, le village organisait des cérémonies de circoncision et d’excision. Ce qui, semble-t-il, ne se fait plus de nos jours. Les seules fêtes qui rythment la vie des habitants de l'île sont les grandes cérémonies religieuses (chrétiennes comme musulmanes).


Croquis (le cas échéant) :

De l’élément patrimonial et/ou de sa position dans son environnement.


État sanitaire

Très bon, Bon, Passable, Mauvais: passable

Valeur patrimoniale :

Lieux associés (autour de la même thématique) :

Bani et Sourou : villages d’origine de pêcheurs qui attachaient leur pirogue et se reposaient sur l'île.

Mali : pays d’origine d’une partie des habitants qui ont peuplé le village

Missirah : village d’origine du fondateur du village selon la seconde version

Sokone : village d’origine du prêtre qui tient la messe sur l'île.

Toubacouta : chef-lieu administratif de l'île, destination commerciale des habitants de l'île

Europe, Amérique : origine des touristes qui fréquentent l'île.

Culture(s) orale(s) en lien avec l’élément patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s) :

La légende du Baobab Karamba wulumban : c’est un baobab-fétiche habité par un esprit. Un jeune du village voulait récolter du miel de son écorce, une fois qu’il alluma le feu, une belle femme sortit de l’arbre et lui sourit. Le jeune prit ses jambes à son cou. Un autre habitant de Sipo avait cueilli une feuille de cet arbre mystique, un homme sortît de nulle part et lui intima l’ordre de ne plus recommencer.

Anecdote(s), discours, impression(s) sur l’élément patrimonial :

Insa, le fils ainé de la reine de sipo, était parti pêcher avec des amis sur le bolong. Après avoir jeté le filet, il s’est produit un éclair. Comme s’ils s’étaient passé le mot, ils prirent tous la poudre d’escampette.

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s) de l’élément patrimonial :

Fonction initiale : Escale de pêcheurs, lieu d’habitation et d’activités économiques.

Utilisation actuelle : lieu d’habitation, site touristique, lieu d’activités économiques.

Statut et signification actuelle de l’élément patrimonial :

Statut : Village de la communauté rurale de Toubacouta

Signification actuelle : lieu de mémoire, patrimoine touristique

Informations complémentaires sur l’élément patrimonial :

Sources

Bibliographie

Dans le cas d’une publication : NOM DE L’AUTEUR (Prénom de l’auteur), Titre de la référence, lieu d’édition/de conservation, éditeur/organisme de conservation, n° éventuel, année, pages ... à …

Dans le cas d’un témoignage oral : NOM, Prénom et fonction de l’auteur, lieu, référence éventuelle à un témoignage enregistré.

Tradition orale

Mané Fatoumata, Reine de Sipo, Sipo

Touré Insa, Chef de village, Sipo

Diop Saliou, Technicien touristique, Sipo

Sources écrites

V. Martin & C. Becker, Documents pour servir à l’histoire des iles du Saloum, Bulletin de l’IFAN, Tome 41, Série B, n°4, Octobre 1979 ; p. 722-772

« Les Niominkas. Des origines à nos jours : Dans les méandres des iles » (Dossiers de plusieurs articles réunis par Birame Diaw d’après les travaux d’Assane Niane et publiés dans le Quotidien le 22 Aout 2005).

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

 Préciser le(s) lieu(x) de conservation, y compris dans le cas de collections personnelles

Dessins/croquis