IVRAF FO 143: La tombe de Kéléfa Sané

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Légende de l'image

Références du dossier documentaire

Numéro du dossier

IVRAF_FO_0143

Date d'enquête

09/01/2014

Nom et prénom de l'enquêteur

WADE Mame Coumba

Désignation

Dénomination(s) actuelle(s)

Tombe, sépulture

Appellations successives

Tombe de Kéléfa Sané

Type de patrimoine

Patrimoine matériel

Thématique

Localisation

Arrondissement

Toubacouta

Communauté Rurale

Keur Saloum Diané

Village

Baria

Adresse

En Face cimetière musulman

Références cadastrales (le cas échéant)

Section :.......... N° parcelle(s) :..........

Géolocalisation

Latitude :

Longitude :

Historique et description

Acteur(s)

Population de Baria

Date/période de réalisation

Vers le XIXème siècle

Historique

Fils unique de Mariama Nanky, Kéléfa Sané naquit d’une union de père Kaabunké et de mère Beafada. Originaire du Gabou, il fut parmi les figures les plus emblématiques de sa région (la Sénégambie).

Sa force, son courage, son honneur et sa dignité firent de lui l’un des chefs de guerre les plus redoutés de son époque sur tout le terroir Sénégambien.

Son statut de chef de guerre lui permettait de guerroyer hors des frontières du Gaabu. Ainsi, il bataillera jusqu’à Baria, bastion jamais conquit à l’époque par Mansa Demba, roi du Niomi-Berendi.

Un jour ce dernier reçu dans sa cour un griot koriste originaire du Kaabu. La première nuit, le koriste chanta les louanges de Mansa Demba mais à la fin de sa prestation, il évoqua le nom de Kéléfa Sané. Etonné, le roi demanda au koriste « qui est cet homme que tu chantes dans ma cour ? Est-ce qu’il est plus fort que moi ? ». le koriste lui répondit que « tu es un puits et Kéléfa un bolong ». Très furieux, il ordonna au griot de ne plus recommencer.

La seconde nuit, le koriste recommença à chanter et à la fin il chanta de nouveau les louanges de Kélafa. Très furieux, il reposa au koriste sa première question sur un ton beaucoup plus sévère ; cette fois ci ce dernier lui répondit : « tu es un bolong et Kéléfa un océan ». De par l’attitude du griot, le roi Mansa Demba commença à se poser des questions sur la force et la bravoure de l’homme que son hôte ne cessait de chanter les louanges. Il décida alors de faire appel à lui.

Aussitôt, Mansa Demba envoya un émissaire chez Kéléfa le sollicitant pour une aide militaire afin de conquérir Baria jusque là invaincu.

Après avoir reçu l’invitation, Kéléfa envoya un éclaireur nommé Moussa Diallo pour une inspection du site à attaquer. A son arrivée, l’éclaireur s’installa dans le village de Koular situé à quelques encablures de Baria.

Le premier n’ayant plus donné de ses nouvelles, Mansa Demba envoya un second émissaire chez Kélafa. Ce dernier se croyant toujours invincible décida d’attaquer par lui-même sous les sollicitations pressantes de Mansa Demba.

En route vers Baria, il passa successivement chez plusieurs marabouts-voyants. Ces derniers lui affirmèrent, à chaque fois, qu’il partait pour un chemin sans retour. Ces propos ne dissuadèrent guère Kéléfa Sané qui continua son petit bonhomme de chemin.

Par ailleurs, avant l’arrivée de Kéléfa à Baria, Foula Bouka Ndour, un habitant du village de Baria, consulta également un certain nombre de devins/voyants. Ces derniers s’étant rendu compte que personne ne pouvait atteindre Kéléfa par flèche ou par simple fusil, lui suggérèrent d’introduire dans son fusil une perle et une touffe de cheveu d’une certaine dame dénommée Woury Diallo. Seuls ces éléments de cette dame résidant chez Thierno Alassane Sané (village keur Alassane en Gambie) pourraient neutraliser le chef de guerre.

Par ailleurs, Mansa Demba, roi du Niomi Bérendi fit pareil et consulta plusieurs marabouts qui lui confirmèrent que Kéléfa allait perdre la vie dans cette bataille. Mansa Demba, voulant pas que son ami soit victime, décida alors de mener la bataille tout seul avant l’arrivée de Kéléfa. N’ayant pas obtenu victoire face aux habitants de Baria, le roi prit le chemin retour. Par malchance, il ne croisa pas Kéléfa car ce dernier est passé par le tann de Korolé (tanne du malheur) pour s’introduire dans le village.

A son arrivée, Kéléfa fut aperçu par des femmes du village qui pêchaient du poisson au niveau du bolong. Ces dernières s’empressèrent d’informer tous les villageois de la présence d’ennemis armés en cheval et habillés en tenues rouges.

Sachant qu’ils avaient été vus, Kéléfa et sa troupe de Kéléfa se cachèrent derrière la mangrove en attendant la nuit pour pouvoir attaquer.

A l’aube Kéléfa et sa troupe encerclèrent le village mais ils furent aperçus par la femme de Foula Bouka Ndour qui jetait des ordures. La dame informa son mari qui à son tour introduisit le mélange suggéré par les marabouts dans son fusil et tira sur Kéléfa.

Quand ce dernier fut atteint, la corne de chèvre qui lui servait de gris gris autour de sa tête, se détacha et le chef de guerre échut par terre. Cette corne, plus connue sous le nom de « Kanalang Bino », prit le chemin du Gabou. Arrivé à Badora précisément dans le village de Birkama (…), la corne s’introduisit dans la chambre de Mariama Nanki (maman de Kéléfa) ; une façon de lui annoncer la mort de son fils.

Une autre thèse souligne que certains villageois l’auraient tendu une embuscade à l’entrée du village. Quand il entra à Baria, un villageois lui jeta une corde et il fut pendu au moment où son cheval s’échappait.

Quelques instants après, les rumeurs de la mort d’un guelwar circulèrent jusque dans différentes contrées. Aussi, l’éclaireur, Moussa Diallo, qui séjournait depuis plus d’un an à Koular se déplaça jusqu’à Baria où il retrouva celui qui l’avait envoyé sans vie. Il demanda ainsi à la population la permission de leur parler de cet homme et leur avoua qu’il était en mission d’inspection sous ses directives.

En somme, Kéléfa Sané, symbole du monde Kaabunké invincible depuis plus d’une cinquantaine d’année, mourut en guerrier et fut enterré en face du cimetière musulman de Baria.

Description

Situé au nord du village de Baria, la tombe de Kéléfa Sané se trouve au beau milieu d’une savane arbustive. Le milieu se caractérise par une prédominance d’un tapis herbacé très dense en saison pluvieuse mais qui se dessèche et jaunit sous les rayons solaires en saison sèche. Au milieu de cette végétation, se dressent de manière mixte et dispersé des arbres locales comme le détarium senegalenses (ditax), adansonia digitata (baobabs), Ceiba pentandra (Fromager), Combretum glutinosum (rate), Piliostigma reticulatum(nguiguis)…

La tombe, aménagée modestement par les populations du village de Baria, s’étend sur une superficie d’environ deux (2) mètres carrés (m2). Une cinquantaine de piquets en bois sont dressés tout au tour du lit mortuaire pour revaloriser le site. A l’intérieur de ces piquets sont pointés deux autres de tailles moyennes pour matérialiser là où repose le chef de guerre. Ces piquets proviennent du bois de Prosopis africana, arbre de la famille des Moraceae. Cet arbre, plus connu à Baria sous le nom de Yiir, est choisi pour matérialiser le site à cause de ses excellentes qualités physiques et mécaniques, sa bonne conservation de l’humidité, son aspect un peu gras et peu perméable. Le bois résiste également aux champignons et aux termites.

État sanitaire

Passable

Lieux associés (autour de la même thématique)

Gabou: lieu d’origine de Kéléfa Sané

Sénégambie: périmètre de conquête de kéléfa Sané

Niomi bérendi: Royaume de Mansa Demba

Birikama : lieu de naissance de Mariama Nanky mère de Kéléfa Sané

Koular : Village où séjournait l’éclaireur envoyé par Kéléfa.

Culture(s) orale(s) en lien avec l'ensemble patrimonial

Légende(s) et/ou mythe(s) associé(s)

Légende de la corne: Une fois que Kéléfa fut atteint durant la bataille, la corne qui lui servait de gris-gris se détacha et, avant de tomber, aurait dit à Kélafa : « je t’ai sauvé durant maintes guerres, mais aujourd’hui je ne te suis plus utile, ton glas a sonné ».Cissé Ansoumana

Légende du gris gris: « A la mort de Kéléfa, la corne de chèvre qu’il portait autour de sa tête se détacha et vola jusqu’à la chambre de Mariama Nanky, à Birikama pour lui annoncer la mort de son fils ».Diouf Lamine

Anecdote(s), discours, impression(s)sur l'ensemble patrimonial

Anecdote du tann: « Kéléfa est passé par le tann de Korolé (tanne du malheur) où l’on trouverait encore des traces des premiers hommes ». Senghor Kéba

Fonction(s) initiale(s) et utilisation(s) actuelle(s)de l'ensemble patrimonial

Fonction initiale : tombe

Fonction actuelle : tombe et lieu de mémoire

Statut et signification actuelle de l'ensemble patrimonial

Statut : lieu de mémoire

Signification actuelle : la tombe représente le symbole du courage et la bravoure des anciens de Baria face à l’éminent chef de guerre de la Sénégambie.

Informations complémentaires sur l'ensemble patrimonial

Sources

Bibliographie

Tradition orale

Cissé Ansoumana, notable, village Baria

Diouf Lamine, notable, village Baria

Camara Mamadou, notable, Baria

Senghor Kéba, Notable, Village Baria

Sources écrites

De Villethierry Jean Girard, extrait de L'or du Bambouk: une dynamique de civilisation ouest africaine, édition Georg 1992, 347 pages

Lopes Carlos, Kaabunké: espaço, território e poder na Guiné-Bissau, Gâmbia e Casamance précoloniais, Comissão Nacional para as Comemorações dos Descobrimentos Portugueses, 1999 - 294 pages, page 152

Mané Mamadou, le Kaabu, une des grandes entités du patrimoine historique guinéo-séné-gambien, Ethiopiques n°54, Revue semestrielle de culture négro-africaine, Nouvelle série volume 7- 2ème semestre, 1991

Niane Djibril Tamsir, Histoire des Mandingues de l'Ouest: le royaume du Gabou, KARTHALA Editions, 1989 - 221 pages

Sitographie

http://bft.cirad.fr/cd/BFT_148_33-45.pdf

http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/08/93/23/PDF/Juhe-Hist.Veg.pdf

http://books.google.sn/books?id=J4UFAQAAIAAJ&q=k%C3%A9l%C3%A9fa+san%C3%A9&dq=k%C3%A9l%C3%A9fa+san%C3%A9&hl=fr&sa=X&ei=FvgvU7zlDqH00gXK_IFA&ved=0CDAQ6AEwAQ

Illustrations

Photographies actuelles

Sous plusieurs angles, si justifié

Documents anciens (photographies, peintures, gravures...)

Dessins/croquis